La liberté d’expression perd-elle du terrain ? C’est en tous cas ce que semblent penser une majorité de Français. Selon un sondage réalisé par l’agence d’intérim Qapa, 87% d’entre eux estiment que la liberté d’expression est menacée sur leur lieu de travail, et une large majorité admet s’autocensurer pour éviter tout conflit avec les collègues.
L’attentat commis à Conflans-Saint-Honorine, contre le professeur Samuel Paty, qui avait montré en classe des caricatures du prophète Mahomet, semble ainsi avoir ravivé les inquiétudes concernant la liberté d’expression en France.
L’étude, réalisée au mois de novembre sur plus de 4,5 millions d’utilisateurs de la plateforme d’intérim, indique que peu de Français se sentent totalement libres de parler sur leur lieu de travail.
21% des sondés affirment pouvoir s’exprimer sur n’importe quel sujet avec leurs collègues, mais 47% préfèrent faire attention à qui ils s’adressent, et enfin 32% ont totalement renoncé à discuter avec leurs collègues.
Pour éviter de créer des tensions, certains sujets sont bannis des conversations. C’est notamment le cas des sujets liés à l’égalité (racisme, sexisme...), que 84% des Français ont décidé de ne plus aborder, mais aussi de la religion (78%), de la crise sanitaire (59%) ou encore de la politique (58%). Ils préfèrent ainsi aborder les sujets légers (loisirs, activités, etc.) ou humoristiques.
Se taire pour éviter les conflits
Si autant de Français redoutent d’abord certains sujets au travail, c’est principalement par peur de la réaction de leurs collègues. 68% des sondés affirment avoir déjà eu des altercations sur leur lieu de travail avec des pairs, à cause d’opinions divergentes sur certains sujets.
64% des Français ont donc désormais peur de participer à certaines conversations, et 71% assument pratiquer l’autocensure au travail.
À l’occasion du procès des attentats de janvier 2015, qui avait visé la rédaction de Charlie Hebdo, le journal satirique a publié une grande enquête réalisée avec l’Ifop sur la liberté d’expression.
Selon cette étude, réalisée au mois d’août, 59% des Français estiment que Charlie Hebdo a eu raison de publier les caricatures du prophète au nom de la liberté d’expression, un chiffre en hausse de 21 points depuis 2006.