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«Tu as décidé de partir. Je respecte ta décision» : la très belle lettre d'Amélie Nothomb à son père, mort au début du confinement

Patrick Nothomb a eu une longue carrière de diplomate à partir des années 1960. Il a notamment été ambassadeur de Belgique dans plusieurs pays d'Asie, en Birmanie, en Thaïlande et plus longuement au Japon (1988-1997).[JOEL SAGET / AFP]

L'écrivaine à succès Amélie Nothomb a décidé de partager avec ses fans le dernier message qu'elle a adressé à son père, le diplomate belge Patrick Nothomb, mort le premier jour du confinement, le 17 mars dernier.

Il s'agit de trois pages, noircies au stylo-bille, et datées du 6 mai.

Son père est décédé le «17 mars à 23h30», comme le précise l'auteur dans les premières lignes. «Le 17 mars, à 23h30, tu as décidé de partir. Je respecte ta décision. Je te comprends: tu as choisi de mourir chez toi, dans les bras de Maman», commence la romancière.

«Je t’écris une lettre. Tu écrivais beaucoup de lettres, plus remarquables les unes que les autres», avant de partager avec ses lecteurs une anecdote sur son père, diplomate et fin connaisseur du Japon. «La dernière lettre que tu aies écrite de ton vivant, c’était le 11 mars, six jours avant ta mort. Tu l’avais adressée à l’auteur Stéphanie Hochet, dont tu admirais à raison le travail. Tu venais de lire son nouveau roman, ‘Pacifique’, le dernier livre qui t’ait enthousiasmé. (...) Grand connaisseur du Japon, tu lui disais qu’elle avait admirablement compris ce pays. Tu terminais en lui assurant que tu parlerais de son livre autour de toi. Hélas, tu n’en as pas eu le temps. Alors, je transmets.»

Cette lettre est également le témoignage des temps troublés, celui du coronavirus et du confinement. «Le confinement, pour moi, c’est ton départ. Je refuse que ce soit ton absence. La mort n’est pas la cessation de l’amour», termine-t-elle.

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

L’écrivaine Amélie Nothomb a perdu son père au premier jour du confinement. Elle nous a confié cette lettre dans laquelle elle s’adresse à ce père qu’elle chérit. “Cher Papa, Le 17 mars, à 23h30, tu as décidé de partir. Je respecte ta décision. Je te comprends : tu as choisi de mourir chez toi, dans les bras de Maman. (...) Je t’écris une lettre. Tu écrivais beaucoup de lettres, plus remarquables les unes que les autres. La dernière lettre que tu aies écrite de ton vivant, c’était le 11 mars, six jours avant ta mort. Tu l’avais adressée à l’auteur Stéphanie Hochet, dont tu admirais à raison le travail. Tu venais de lire son nouveau roman, “Pacifique”, le dernier livre qui t’ait enthousiasmé. (...) Grand connaisseur du Japon, tu lui disais qu’elle avait admirablement compris ce pays. Tu terminais en lui assurant que tu parlerais de son livre autour de toi. Hélas, tu n’en as pas eu le temps. Alors, je transmets. Le confinement, pour moi, c’est ton départ. Je refuse que ce soit ton absence. La mort n’est pas la cessation de l’amour. Je t’embrasse, Amélie.” . Amélie Nothomb - Jack Guez/AFP . #amelienothomb #nothomb #lettredinterieur #lettre #famille

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Patrick Nothomb a eu une longue carrière de diplomate à partir des années 1960. Il a notamment été ambassadeur de Belgique dans plusieurs pays d'Asie, en Birmanie, en Thaïlande et plus longuement au Japon (1988-1997). Il y avait déjà été consul général à Osaka (1968-72). Patrick Nothomb était devenu un spécialiste du Nô, l'un des styles du théâtre japonais.

Ces séjours en famille au Japon ont fortement inspiré sa fille Amélie dans son travail de romancière, notamment dans "Stupeur et tremblements" où elle met en scène une jeune femme --son double-- en proie au déracinement, se heurtant aux codes inconnus d'une terre exotique.

 

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