Un tiers des marins du «Charles de Gaulle» testés positifs: l'armée aurait-elle fait preuve de négligence ?

Quelques jours après le retour anticipé du porte-avions Charles de Gaulle en France sur lequel des contaminations au Covid-19 avaient été détectées, les langues se délient. D'après le témoignage anonyme d'un membre de l'équipage, l'armée aurait fait preuve d'une grande négligence quant à la gestion de la crise.

Un témoignage recueilli par France Bleu Provence et dans lequel l'homme, lui-même testé positif au coronavirus, dénonce notamment un «manque de transparence» de l'armée. 

Lors d'une escale à Brest entre le 13 et le 16 mars, le commandant du porte-avions aurait en effet souhaité interrompre la mission, alors que plusieurs marins présentaient déjà des symptômes de contamination au Covid-19. Une demande rejetée, selon le témoin, par le ministère des Armées. «Nous aurions dû rester à Brest », déplore-t-il. 

Depuis leur arrivée à Toulon dimanche 12 avril et après avoir effectué les tests de dépistage, plus d'un tiers de l'équipage du porte-avions a été testé positif au coronavirus, soit 668 marins. Un bilan qui demeure provisoire, puisque 30% des tests n'ont pas encore été livrés, selon les déclarations du ministère.

UNE ENQUÊTE DE COMMANDEMENT ORDONNÉE 

Placé en isolement sanitaire pendant quatorze jours, le marin anonyme n'a pas mâché ses mots : «l'armée a joué avec notre santé, notre vie», a-t-il tranché, en expliquant à nos confrères que les gestes barrières étaient particulièrement «difficiles» à respecter à bord. 

Pour éclaircir la situation qui présente encore de nombreuses zones d'ombre, le chef d’état-major de la Marine, l’amiral Christophe Prazuck, a «ordonné une enquête de commandement afin de tirer tous les enseignements de la gestion de l’épidémie au sein du groupe aéronaval».

Le porte-parole de la Marine nationale Eric Lavault, a quant à lui indiqué qu'il n'avait constaté «aucune erreur d'appréciation» quant à la gestion de la crise sur le navire, en mission depuis le 21 janvier.