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Confinement et services funéraires : un deuil plus difficile pour les familles

Les mesures de confinement ont un impact conséquent sur les cérémonies d'enterrement et donc sur le processus de deuil des familles.[JEFF PACHOUD / AFP]

La perte d'un proche est toujours difficile mais, en période de confinement, l'épreuve est encore plus cruelle. Pour lutter contre la propagation du coronavirus, les services funéraires ont reçu des consignes qui ont de lourdes conséquences sur le deuil des familles.

Cela concerne tout particulièrement l'entourage des victimes du Covid-19. Lorsqu'une personne infectée meurt, son corps est immédiatement placé «dans une première housse sanitaire sur laquelle on applique du gel antiseptique, avant de la doubler d'une deuxième housse, désinfectée elle aussi», détaille Lambert Ravasi, conseiller funéraire et maître de cérémonie.

Ainsi protégé, le défunt est aussitôt installé dans un cercueil qui est fermé dans les plus brefs délais. «Normalement, lors d'un décès à l'hôpital, les proches peuvent se rendre dans le salon de présentation où le cercueil reste ouvert un temps, pour leur permettre de se recueillir», explique Thierry Regnault, fondateur de Reposeo, une plate-forme d'organisation d'obsèques en ligne.

Un moment important auquel les familles des morts du Covid-19 n'ont pas droit. «Ce n'est la faute de personne, mais c'est d'une brutalité énorme pour les personnes endeuillées. Vous laissez un proche à l'hôpital, vous n'avez pas le droit de lui rendre visite et vous vous retrouvez face à un cercueil. Vous ne reverrez plus jamais l'être aimé.»

Puisque le cercueil doit rester fermé, les personnes décédées à cause du virus « ne peuvent pas recevoir les soins de conservation ou la toilette rituelle» et, le jour des obsèques, personne n'est autorisé à monter dans le corbillard pour accompagner le corps.

Les cimetières fermés au public

Les mesures de confinement ont un impact conséquent sur les cérémonies d'enterrement. Et ce pour tous les défunts, qu'ils soient morts des suites du Covid-19 ou non.

«L'office religieux, s'il y en a un, concerne principalement la communauté chrétienne, puisqu'en général les familles issues d'autres confessions se réunissent au cimetière. Beaucoup de cérémonies prévues dans des églises ont été annulées par l'évêché. Quand elles ont lieu, c'est avec 20 personnes grand maximum, en comptant le personnel funéraire, et bien éloignées les unes des autres. La durée est également raccourcie et le cercueil ne peut pas être béni», énumère Lambert Ravasi.

Les cérémonies qui ont lieu au cimetière sont soumises aux mêmes restrictions, d'ailleurs, les cimetières parisiens sont fermés au public. Les proches ne peuvent y entrer que pour l'inhumation.

Ceux qui font le choix de la crémation sont encore plus contraints, puisque la plupart des crematoriums ont proscrit toute cérémonie. Les familles ne sont pas autorisées à entrer.

«On est en première ligne»

Dans cette période troublée, les employés des services funéraires doivent s'adapter... et se protéger. «On a les masques qu'on réussit à se procurer personnellement ou que notre entreprise nous fournit. Je vais à la pharmacie tous les jours», indique le maître de cérémonie.

Ces agents sont au contact permanent des familles endeuillées, un public fragile. «On est en première ligne, on se prend toute l'émotion des gens, lâche Thierry Regnault. Il y a de la colère, du chagrin... on essaie de faire au mieux mais on est obligés de respecter les consignes».

Bien souvent, elles sont difficiles à entendre. «Allez dire à des personnes qui viennent de perdre un être cher qu'elle ne peuvent pas s'embrasser, se toucher et doivent rester à distance, commente Lambert Ravasi. Heureusement, depuis quelques jours, je sens que les gens sont de plus en plus conscients de la situation.»

Abnégation et empathie

Compte tenu de l'évolution de la crise sanitaire, les services funéraires continueront d'être très sollicités dans les semaines à venir. «D'habitude l'hôpital garde les défunts jusqu'à cinq jours, mais en ce moment ce n'est pas plus de trois, développe le fondateur de Reposeo. Les soignants sont débordés. Ils anticipent le pic des décès liés au Covid-19. Il faut libérer de la place.»

Malgré les difficultés, Lambert Ravasi compte bien rester fidèle à sa «mission de service public». Le maître de cérémonie l'assure, il continuera d'accompagner les familles dans leur deuil, avec toute l'«abnégation» et l'«empathie» dont il est capable.

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