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Un jihadiste français présumé mort visé par une enquête pour «crime contre l'humanité», une première

Il serait décédé en 2018[Capture d'écran Dailymotion]

Pour la toute première fois, le parquet national antiterroriste (PNAT) a chargé des juges d'instruction d'enquêter sur des soupçons de crimes contre l'humanité commis par un jihadiste français qui aurait déjà perdu la vie.

Le pôle «crimes contre l'humanité» du PNAT, qui enquête depuis plusieurs années sur les crimes subis par les Yazidis, a ouvert vendredi une information judiciaire pour «génocides» et «crimes contre l'humanité». Ils réclament désormais la mise en examen d'un certain Sabri Essid pour des faits commis entre 2014 et 2016. 

Une figure du jihadisme toulousain

Ce Toulousain, né en 1984, était une figure du jihadisme local. Fils d'un compagnon de la mère de Mohammed Merah, il avait rejoint Daesh en Syrie au printemps 2014. Il avait été reconnu en mars 2015 sur une vidéo diffusée par le groupe terroriste, où on l'aperçoit en compagnie de son beau-fils (surnommé «l'enfant bourreau de Daesh»), âgé d'une douzaine d'années, exécutant un Palestinien présenté comme un espion. Un magazine non-officiel de l'organisation avait annoncé sa mort au début de l'année 2018. 

Il avait déjà été intercepté en 2006 par l'armée syrienne avec Thomas Barnouin, une autre figure du jihadisme toulousain alors que tous deux tentaient de se rendre en Irak. Il avait alors été remis à la France et avait été condamné à cinq ans de prison en 2009. 

Jusqu'à présent, les jihadistes français faisaient uniquement l'objet de poursuites pour des infractions à caractère terroriste. Des associations, dont la FIDH, réclamaient un élargissement aux soupçons de crimes contre l'humanité.

«Une avancée significative»

Des juges d'instruction du pôle spécialisé «crimes contre l'humanité» du tribunal de Paris vont désormais poursuivre les investigations. Faute de preuve de la mort de Sabri Essid, un procès pourrait tout de même avoir lieu, offrant à des victimes yazidis la possibilité de se porter partie civile.

«C'est une avancée significative et inattendue», s'est félicité Me Patrick Baudouin, président d'honneur de la FIDH, joint par l'AFP. «La qualification de crimes contre l'humanité va permettre de recueillir plus de témoignages de victimes, également d'élargir et d'approfondir les enquêtes, en remontant les chaînes de commandement», a-t-il expliqué. «Cela a aussi une vertu pédagogique pour l'opinion publique, compte tenu de l'ampleur de ces crimes qui ont été planifiés à grande échelle».

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