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Retraites : Emmanuel Macron au contact pour lancer la «concertation citoyenne»

Opération déminage. Rééditant le format du grand débat national organisé en réponse à la crise des gilets jaunes, Emmanuel Macron donne ce jeudi le coup d’envoi de la concertation citoyenne sur la réforme controversée des retraites, à Rodez (Aveyron).

Un rendez-vous initialement prévu la semaine dernière, mais reporté en raison du décès de l’ancien président Jacques Chirac. En première ligne, debout, micro à la main, le chef de l’Etat s’exprimera dès 18h30 dans la salle des fêtes de la préfecture. Pendant au moins trois heures, il répondra aux questions de cinq cents lecteurs de la presse quotidienne régionale qui se sont inscrits pour l’occasion. Le tout retransmis en direct par les télévisions pour avoir le maximum d’impact.

Un dossier inflammable

Selon l’Elysée, l’exercice vise non seulement à «ancrer le débat au cœur des territoires» – et notamment l'Aveyron, département rural dont le tiers de la population est âgé de plus de 60 ans –, mais aussi à mettre l'accent sur les zones d’ombres de la réforme qui ont vocation à être levées par cette consultation. Parmi elles : à quel âge sera fixé l’âge du départ à la retraite ? Quelle sera la durée de cotisation ? Et le montant des pensions des régimes spéciaux ?

Au-delà de «vendre la réforme aux Français», cette concertation est surtout, pour le président, la garantie de se vendre lui-même en «soignant sa popularité», juge le politologue Philippe Moreau-Chevrolet. Selon lui, à l’instar du grand débat national organisé juste avant les européennes de mai dernier, cet échange direct entre le président et ses concitoyens ne serait autre qu’un «lancement de campagne pour les municipales de mars», mais aussi pour la présidentielle de 2022.

S’il est réputé à l’aise dans ce jeu de questions-réponses, Emmanuel Macron va toutefois devoir redoubler d’efforts pour convaincre de l’utilité et de l’équité de cette réforme des retraites – un serpent de mer qui a toujours suscité la polémique, quinquennat après quinquennat.

Et pour cause, le projet de loi, qui prévoit de remplacer les 42 régimes existants par un système universel à points d’ici à 2025, cristallise la grogne depuis la rentrée. La preuve : après la RATP, la SNCF, les professions libérales, les enseignants, ou encore les syndicats en ordre dispersé, c’était hier au tour des policiers «en colère» de défiler, entre autres, contre un texte qui raboterait leur avantageux régime.

Une opposition sur le long terme

Si Matignon veut rassurer en rappelant que «la réforme n’est pas écrite», ses détracteurs n’attendent rien, ou presque, de cette «concertation citoyenne» censée s’étaler jusqu’à la fin de l’année, en vue d’un examen du Parlement courant 2020. Cette opération de «propagande» n’est destinée, selon eux, qu’à «tromper [le] monde en faisant croire à un débat alors que les conclusions sont déjà écrites».

En s’adressant directement aux Français, à l’heure où les négociations avec les partenaires sociaux semblent au point mort, Emmanuel Macron fait d’ailleurs «jouer le peuple contre la volonté des corps intermédiaires», afin de rendre ces derniers «illégitimes», selon Philippe Moreau-Chevrolet.

Une stratégie de contournement qui, à croire l’appel de la RATP à une «grève illimitée» dès le 5 décembre et le rapprochement entre les différents syndicats cette semaine, pourrait bien avoir l’effet inverse.

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