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Affaire Karachi : Ziad Takieddine a été entendu par la Cour de justice de la République

Ziad Takieddine est poursuivi notamment pour «complicité et recel d'abus de biens sociaux».[PHILIPPE LOPEZ / AFP]

Ziad Takieddine a été entendu vendredi comme témoin devant la Cour de justice de la République (CJR) dans l'affaire des soupçons de financement occulte de la campagne d'Édouard Balladur en 1995, a-t-il annoncé à l'AFP.

L'homme d'affaires a été entendu dans l'après-midi par les magistrats de la commission d'instruction de la CJR compétente pour les ministres en exercice. L'ancien Premier ministre de droite Édouard Balladur et son ministre de la Défense de l'époque François Léotard, ont récemment été mis en examen dans la procédure.

«J'étais là pour dire la vérité que la justice n'a jamais voulu voir, sur l'existence d'un système de corruption à grande échelle, au sommet de l'État», a déclaré Ziad Takieddine après son audition. 

L'enquête antiterroriste sur l'attentat de Karachi en 2002, qui avait tué 11 employés français de la Direction des constructions navales (DCN), avait révélé la piste de rétrocommissions -illégales- en marge de contrats d'armement avec le Pakistan et l'Arabie Saoudite, susceptibles d'avoir financé la campagne présidentielle de Balladur en 1995.

Un rapport divulgué en 2009 évoquait l'hypothèse d'un acte de rétorsion suite à l'arrêt des commissions à des responsables pakistanais décidé par l'ancien président Jacques Chirac après sa victoire sur son rival.

Près de 327 millions d'euros de commissions indues versés à des intermédiaires 

Dans un second volet, des juges financiers avaient acquis la conviction que près de 327 millions d'euros de commissions indues avaient été versés à des intermédiaires en marge de ces contrats signés en 1994 par le gouvernement Balladur avec le Pakistan (Agosta) et l'Arabie Saoudite (Sawari II).

Dans ce dossier financier, six protagonistes sont dans l'attente de leur procès dont Nicolas Bazire, ex-directeur de la campagne, Thierry Gaubert, alors membre du cabinet du ministre du Budget Nicolas Sarkozy, et Ziad Takieddine.

Ziad Takieddine est soupçonné d'avoir joué un rôle central dans ce schéma, en tant qu'intermédiaire dans le réseau «K» qui aurait été imposé à la toute fin des négociations. Mais l'homme d'affaires franco-libanais, poursuivi notamment pour «complicité et recel d'abus de biens sociaux», «refuse d'être la victime expiatoire d'un système», déclare son avocate Elise Arfi. 

Devant la CJR, il a confirmé avoir remis 6,2 millions de francs au camp Balladur après avoir été sollicité par Nicolas Bazire via Thierry Gaubert, mais il a affirmé qu'il n'avait «pas connaissance» de leur finalité politique, selon son avocate.

Des commissions détournées à partir de 1996, selon Takieddine

Dans une déclaration transmise à la CJR et dont a eu connaissance l'AFP, il estime que la justice a éludé «les agissements des responsables au sommet de l'Etat», dans le cadre des contrats Sawari II et Agosta, conclus d'Etat à Etat, et qui interdisaient le versement de commissions selon lui.

«Lorsque le procès du volet financier de l'affaire Karachi prononcera des condamnations à l'encontre des intermédiaires du réseau 'K"', cela reviendra à dire que la France reconnaît avoir violé ces contrats d'Etat à Etat. Le risque, c'est que la France pourrait se voir réclamer des sommes très importantes par les Etats lésés», estime Elise Arfi.

Dans sa déclaration, Ziad Takieddine dénonce de nouveau le «détournement» à partir de 1996, suite à l'élection de Jacques Chirac, de commissions, au profit du groupe du Saoudien Khaled Ali Bugshan, derrière lequel se profile, selon lui, l'homme d'affaires Alexandre Djouhri. Réputé proche de Dominique de Villepin, alors secrétaire général de l'Élysée, il avait nié ces accusations.

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