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Présidentielle 2022 : les «punchlines» qui ont marqué les débats de l’entre-deux-tours

Le deuxième débat télévisé de l'entre-deux-tours de l'histoire de la Ve République, organisé en 1981 entre les deux finalistes Valéry Giscard d'Estaing (à gauche), et François Mitterrand (à droite).

Dans une ultime tentative de convaincre les électeurs, Emmanuel Macron et Marine Le Pen, les deux finalistes à la présidentielle 2022, s'affrontent ce mercredi 19 avril au soir en direct à la télévision à l'occasion du traditionnel débat d'entre-deux-tours.

À l'instar du candidat d'En Marche et de la représentante du Rassemblement national, qui s'affrontent pour la deuxième fois consécutive en cinq ans dans un débat d'entre-deux-tours, plusieurs grandes pointures de la politique française y sont passés.

De Valéry Giscard d'Estaing à François Hollande en passant par Ségolène Royal, Jacques Chirac, Lionel Jospin, Nicolas Sarkozy et François Mitterrand, tous ont laissé des souvenirs impérissables de leur passage à ce rendez-vous politique majeur.

1974 - Le premier face à face filmé

Le tout premier débat télévisé de la Ve République entre deux candidats a eu lieu le 10 mai 1974, entre Valéry Giscard-d’Estaing et François Mitterrand. Il avait réuni à l'époque 25 millions de téléspectateurs.

Il s'agissait d'une confrontation directe, les journalistes n'étaient là que pour faire respecter le temps de parole. Plus de quarante ans après, une phrase prononcée par Valéry Giscard-d’Estaing adressée à François Mitterrand reste encore dans les mémoires : «Vous n’avez pas le monopole du cœur». Ce débat fera gagner plus d’un point dans les sondages à Valéry Giscard d’Estaing, qui remportera l’élection.

1981 - L'esquive ratée de Mitterrand

Le 5 mai 1981, Valéry Giscard d’Estaing et François Mitterrand se sont retrouvés une fois de plus au second tour de l’élection présidentielle. Ils ont donc eu à nouveau à se faire face lors d’un débat télévisé où rien n’était gagné d’avance. Mécontent de sa prestation sept ans plus tôt, François Mitterrand ne voulait pas réitérer l’expérience. Il a donc tenté de faire annuler la confrontation, en proposant un cahier des charges des plus contraignants, dans l’espoir que son adversaire refuse ses conditions, et donc le débat. Mais Valéry Giscard d’Estaing a accepté, et les deux hommes se sont donc retrouvés une fois de plus face-à-face. Cette fois, le débat était organisé autour des questions des journalistes.

François Mitterrand, qui s’était entraîné avec Laurent Fabius, s’en est sorti beaucoup mieux prenant même l’ascendant. Il prononcera devant 30 millions de téléspectateurs une phrase dont beaucoup se souviennent encore : «Vous avez tendance à reprendre le refrain d’il y a sept ans : l’homme du passé. C’est quand même ennuyeux que, dans l’intervalle, vous soyez devenu, vous, l’homme du passif.» C’est lui qui emportera la présidentielle.

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1988 - Chacun reste à sa place

Le président socialiste sortant, François Mitterrand, s'est retrouvé à débattre face à son Premier ministre de l’opposition, Jacques Chirac, le 28 avril 1988. Une situation qui permettait au moins à chacun de bien connaitre son adversaire. Fort d’une grande avance au premier tour et de son statut de président, François Mitterrand n'a pas cessé d’appeler Jacques Chirac «monsieur le Premier ministre» et de lui signifier qu’il le connaissait bien, «je vous ai observé pendant deux ans». Jacques Chirac a eu beau rappeler : «Ce soir, je ne suis pas le Premier ministre, et vous n’êtes pas le président de la République, nous sommes deux candidats à égalité», Mitterrand, ironique et railleur lui a répondu devant 30 millions de personnes : «Mais vous avez tout à fait raison, monsieur le Premier ministre». Le ton était donné.

Avant cela, pour que celui qui était à force rodé aux débats soit encore plus à son aise, les conseillers de François Mitterrand avaient demandé à ce que la table du débat soit de l’exacte même dimension que la table du Conseil des ministres. Une manière de rappeler à Jacques Chirac sa place lors des futures attaques de son président. François Mitterrand entamera son second mandat dix jours plus tard.

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1995 – un candidat battu d’avance

Le candidat de droite Jacques Chirac est revenu au second tour de la présidentielle, face à Lionel Jospin, le candidat socialiste. Mais après deux mandats de François Mitterrand, le candidat de gauche était presque battu d’avance tant l’alternance était attendue. En arrivant au débat de l’entre-deux-tours, le 2 mai 1995, Jacques Chirac était sûr de lui : il sera le prochain locataire de l’Elysée.

Le débat, devant «seulement» 15 millions de téléspectateurs, était plutôt cordial et revenait notamment sur le bilan des deux mandats du président sortant. Une saillie remarquée fut toutefois lancée par Lionel Jospin, favorable à passer du septennat au quinquennat, ce dernier affirmant qu'«il vaut mieux cinq ans avec Jospin que sept ans avec Jacques Chirac. Ce serait bien long». Les Français choisiront pourtant Jacques Chirac, qui organisera pendant son premier mandat un référendum pour réduire le mandat présidentiel à cinq ans.

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2002 - Chirac refuse le débat

Quand, après le premier tour de l’élection présidentielle, Jean-Marie Le Pen s'était qualifié, Jacques Chirac, président sortant, a refusé le débat de l’entre-deux-tours, affirmant ne pas cautionner «la banalisation de la haine et l’intolérance». Face à lui, le candidat du Front national Jean-Marie Le Pen a dénoncé une «piteuse dérobade».

2007 - Des échanges vifs et une colère « saine »

Ségolène Royal a été la première femme à se qualifier au second tour d’une élection présidentielle. Le 2 mai, elle a débattu avec son adversaire, Nicolas Sarkozy, ancien ministre de Jacques Chirac. Le candidat UMP est arrivé avec une bonne longueur d’avance au premier tour, ce qui l’a exempté de prendre trop de risques lors du débat, où conforter sa place de favori suffisait. Après des échanges tendus, Ségolène Royal a perdu patience, s’est énervée, et Nicolas Sarkozy lui a demandé de se calmer. «Non, je ne me calmerai pas ! Il y a des colères qui sont parfaitement saines», avait-elle répliqué.

Si la phrase est restée dans les mémoires, elle n’a pas permis à la candidate socialiste d’inverser la vapeur. Elle aura même eu l’effet inverse, offrant à Nicolas Sarkozy l’occasion d’opposer sa stature calme de présidentiable au comportement plus impulsif de Ségolène Royal, battue le soir du second tour. Cette année-là, un autre débat a eu lieu durant l’entre-deux-tours, entre Ségolène Royal et François Bayrou, arrivé troisième.

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2012 – « Moi président »

Président sortant, Nicolas Sarkozy a obtenu à nouveau son billet pour le second tour. Cette fois-ci, le Parti socialiste qui lui faisait face était représenté par François Hollande, vainqueur des premières primaires, une élection qui a consisté à demander aux militants leur représentant pour l’élection. Le débat, qui s'est déroulé le 2 mai, était particulièrement tendu, oscillant entre attaques personnelles et opposition de projets.

Les deux candidats ont frappé chacun leur tour, et François Hollande a fini par prendre un réel avantage en usant d’une tirade qui restera dans l’histoire des débats de la Ve République. Sans que Nicolas Sarkozy ne l’interrompe une seule fois, celui qui deviendra à son tour occupant de l’Elysée a enchaîné pas moins de quinze phrases commençant par «Moi président de la République...», toutes très incisives sur le quinquennat que vient de réaliser son adversaire.

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2017 – «Ils sont là dans les campagnes», Marine Le Pen surprend 

En 2017, le débat d’entre-deux-tours a été plus que tendu entre le leader d’En Marche et la candidate du Front national. Si les deux finalistes de l’élection présidentielle de l'époque se sont écharpés, parfois avec une certaine violence, un passage où Marine Le Pen sort de son costume de prétendante à l’Élysée a, toutefois, retenu davantage l’attention des internautes et fait beaucoup réagir.

Vers 23h18, la candidate du Front national a accusé son rival de «salir» son électorat et celui de Nicolas Dupont-Aignan. En tentant de répondre à ces accusations, Emmanuel Macron est rapidement interrompu par Marine Le Pen.

«Regardez, ils sont là, ils sont dans les campagnes, dans les villes, ils sont sur les réseaux sociaux... haha... les envahisseurs !», a-t-elle ironisé.

Pour donner plus de ton moqueur à son intervention, Marine Le Pen a accompagné sa tirade d’un geste de la main pour illustrer ses propos.

Immédiatement, cette séquence est devenue virale sur les réseaux sociaux.   

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