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Les politiques saluent la grâce totale de Jacqueline Sauvage, la justice est divisée

Jacqueline Sauvage sort libre de la prison du Réau (Seine-et-Marne), le mercredi 28 décembre 2016. [VIKEN KANTARCI / AFP]

François Hollande a accordé par décret une grâce totale à Jacqueline Sauvage, condamnée à dix ans de prison pour le meurtre de son mari violent, a annoncé l'Elysée ce mercredi 28 décembre. Si, globalement, cette décision surprise a rencontré un consensus politique, les avis des juristes, eux, sont plus mitigés.

Présentée comme un symbole des femmes victimes de violences conjugales, Jacqueline Sauvage, dont le cas avait suscité une intense mobilisation, est sortie de prison mercredi après avoir été graciée par le président de la République, malgré deux décisions de justice opposées à sa libération.

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La grâce totale avait été annoncée par l'Élysée deux heures plus tôt par communiqué : «Le président de la République a estimé que la place de Madame Sauvage n'était plus aujourd'hui en prison, mais auprès de sa famille.»

Les politiques plutôt unanimes

Valérie Boyer, porte-parole du parti Les Républicains et membre du comité de soutien, a renouvelé son souhait qu'aboutisse sa proposition de loi, déposée au printemps et qui vise à ce que les situations d'emprise soient prises en compte. Selon elle, Jacqueline Sauvage subissait l'emprise «physique», «économique», «sexuelle» et «morale» de son mari et «c'est le cas de bien des femmes».

Le geste présidentiel a globalement fait consensus dans la classe politique, de Marine Le Pen à Jean-Luc Mélenchon, en passant par Manuel Valls.

La candidate du Front natinal à la présidentielle a salué sur Twitter «une décision sage mais tardive».

L'ancien Premier ministre de François Hollande, Manuel Valls, a «salué» la décision du chef de l'Etat appellant à «continuer le combat contre les violences faites aux femmes».

Jean-Luc Mélenchon a salué via un communiqué une «décision juste», et adressé ses «félicitations» au comité de soutien à Jacqueline Sauvage.

L'Union syndicale des magistrats dénonce «une hypocrisie totale»

À deux reprises, la justice avait pourtant refusé une libération conditionnelle à Jacqueline Sauvage. Après le tribunal d'application des peines de Melun, qui avait reproché à Jacqueline Sauvage «de ne pas assez s'interroger sur son acte», la cour d'appel de Paris avait en effet estimé à son tour qu'elle peinait à accéder à un «authentique sentiment de culpabilité» et qu'elle continuait «à se poser en victime», confortée par la mobilisation en sa faveur.

L'Union syndicale des magistrats (USM), majoritaire dans la profession, a d'ailleurs dénoncé un geste «très hypocrite», par lequel le chef de l'Etat «piétine allègrement» sa promesse de respecter l'indépendance de la justice.

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Mais à l'USM, certains sont plus mesurés. C'est le cas de Marie-Jane Ody, la vice-présidente du syndicat. «C'est dans les attributions du président de la République, c'est dans la Constitution, a-t-elle rappelé à franceinfo, même si elle s'étonne du calendrier choisi par le président de la République. «C'est assez curieux, il aurait pu accorder cette grâce totale il y a quelques mois. Pourquoi ne l'a-t-il pas fait la première fois ?»

En 2014 puis en appel en 2015, Jacqueline Sauvage avait été condamnée à dix ans de prison pour le meurtre de son mari violent. Ses trois filles avaient témoigné à charge contre leur père, expliquant avoir été violées et battues, comme l'avait été leur mère, et cela pendant des années.

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