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Calais : le démantèlement de la «Jungle» sous pression

Les acteurs de terrain sont notamment très inquiets au sujet du sort des 1 300 mineurs isolés qui vivent dans le bidonville. [© PHILIPPE HUGUEN / AFP]

L’évacuation du bidonville où vivent des milliers de migrants est imminente. Les associations dénoncent une décision prise dans l’urgence. 

C’est une question de jours. Conformément à la promesse de François Hollande faite à la fin du mois de septembre, le gouvernement se prépare au démantèlement de la «Jungle» de Calais.

L’opération, censée mettre un terme à la crise des réfugiés dans le plus vaste bidonville d’Europe, serait d’ailleurs imminente, le défenseur des droits ayant récemment évoqué le lundi 17 octobre. Un timing risquant de brouiller le dialogue avec les acteurs de terrain, qui demandent de ne pas se précipiter, tant la tâche s’annonce difficile.

La crainte de violences

Pour tenter de ralentir l’évacuation des près de 6 000 migrants vivant à Calais, les associations humanitaires jouent la montre. Onze d’entre-elles ont annoncé jeudi avoir saisi en référé le tribunal administratif de Lille. «Le gouvernement va droit dans le mur», a ainsi estimé Thierry Kuhn, le président d’Emmaüs, considérant que les «conditions ne sont pas réunies» pour une opération efficace. 

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Les acteurs de terrain sont notamment très inquiets au sujet du sort des 1 300 mineurs isolés qui vivent dans le bidonville. De son côté, la ministre du Logement, Emmanuelle Cosse, assure qu’il faut arrêter «de jouer la méfiance» entre l’Etat et les associations. «Beaucoup nous demandent d’agir pour démanteler ce campement», assume-t-elle.

Autre source de crispations : le dispositif mis en oeuvre. Selon LCI, l’opération durera seulement dix jours, jusqu’au 27 octobre. Au total, «19 compagnies» de CRS pourraient être mobilisées, soit environ 2 000 policiers, qui encadreront le départ des réfugiés à bord d’autobus devant les conduire vers des centres adaptés.

Le gouvernement entend ainsi éviter tout risque de débordement dans les camps, où la situation est déjà explosive. Mais pour Vincent de Coninck, délégué du Secours Catholique qui s’exprimait récemment dans Libération, «cela induira des violences, c’est inévitable».

L’après Calais en question

Les difficultés risquent de se poursuivre après le démantèlement, notamment  concernant le sort des réfugiés évacués. Les autorités ont annoncé qu’ils se verraient proposer des placements dans les Centres d’accueil et d’orientation (CAO). A ce titre, 7 000 nouvelles places ont été recensées par les préfectures, en plus des 3 000 déjà existantes, sur l’ensemble du territoire.

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Là réside d’ailleurs l’inquiétude des associations. Car, depuis plusieurs semaines, un grand nombre d’élus locaux, Laurent Wauquiez, le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes en tête, refusent d’accueillir les migrants. Reste, en plus de cette crise politique, la situation à Calais. En effet, si la Jungle sera totalement fermée d’ici à la fin de l’année, la ville portuaire reste la principale porte d’entrée vers la Grande-Bretagne. Un grand nombre de réfugiés pourraient ainsi continuer à affluer. 

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