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Trappes : la pièce "Djihad" met les lycéens face à la question de la radicalisation

La scène du théâtre à Trappes avant la représentation de la pièce "Djihad", le 15 avril 2016 [MIGUEL MEDINA / AFP] La scène du théâtre à Trappes avant la représentation de la pièce "Djihad", le 15 avril 2016 [MIGUEL MEDINA / AFP]

"Ça sert à rien de partir au jihad !": à l'invitation d'un islamologue, des lycéens de Trappes se sont penchés vendredi sur la question de la radicalisation en assistant à "Djihad", tragi-comédie à vertu pédagogique sur le périple en Syrie de trois jihadistes un peu pieds nickelés.

"Le Coran ne parle que d'amour. (...) On a été manipulé, mon frère !", clame Reda, l'un des personnages de la pièce, mise en scène par Ismaël Saidi, 39 ans. Visiblement, le discours passe dans le public du lycée Plaine-de-Neauphle, classé en Réseau d'éducation prioritaire. La pièce, qui glisse peu à peu du rire aux larmes, est applaudie à tout rompre par les 180 élèves, pour beaucoup issus de l'immigration.

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Après un succès inespéré en Belgique depuis sa première en décembre 2014, la pièce, déjà jouée à Arras, est proposée à des scolaires pour la première fois en France depuis les attentats de Paris et Bruxelles. Selon Ismaël Saidi, elle a déjà été vue par plus de 50.000 personnes, dont 27.000 lycéens et collégiens.

Scène de la pièce "Djihad", lors de sa représentation au théâtre à Trappes, le 15 avril 2016 [MIGUEL MEDINA / AFP]
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Scène de la pièce "Djihad", lors de sa représentation au théâtre à Trappes, le 15 avril 2016

Cet ex-policier diplômé de sciences sociales, lui-même musulman pratiquant, est originaire de Schaerbeek, l'une des communes de Bruxelles où a notamment transité Mohamed Abrini, l'un des suspects clé des attentats de Paris et Bruxelles. "Je regardais en 2014 Marine Le Pen" interrogée à la télé sur les jeunes partant pour le jihad, raconte-t-il au public après la pièce. "Elle a dit que ça ne lui posait +pas de problème qu'ils partent tant qu'ils ne reviennent pas+. J'ai écrit ce spectacle pour répondre à ça". "Bonne réponse !", rétorque tout haut Marwa, élève de seconde, jogging masculin et longue queue de cheval.

"C'est juste un massacre"

Rachid Benzine, islamologue et ex-élève du lycée, est à l'origine de cette initiative, soutenue par la mairie de cette commune des Yvelines. Pendant le débat avec le public, le chercheur incite les lycéens à "ne pas être naïfs": "entre vous et le Coran, il y a 15 siècles d'Histoire". Les jihadistes se réclamant de Daesh "qui sont venus tuer (à Paris et Bruxelles) sont des criminels, point. En même temps, on ne vient pas au monde en étant un monstre", martèle de son côté Ismaël Saidi. Il faut, selon lui, "essayer de comprendre" pour "sauver la génération qui monte".

Le metteur en scène belge Ismaël Saidi s'adresse aux jeunes après la représentation de la pièce dont il est l'auteur "Djihad", à Trappes, le 15 avril 2016 [MIGUEL MEDINA / AFP]
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Le metteur en scène belge Ismaël Saidi s'adresse aux jeunes après la représentation de la pièce dont il est l'auteur "Djihad", à Trappes, le 15 avril 2016

"Tout ce qu'il (Reda) dit à la fin, c'est vrai, réagit encore Marwa. L'islam, c'est une religion de paix, tuer (des innocents) n'est pas écrit dans le Coran. Ca sert à rien de partir au jihad !".La seule violence légitime, selon Leila, 17 ans, "c'est pour se défendre, ce qu'ils font en Syrie c'est juste un massacre". La jeune fille dit connaître plusieurs garçons et filles qui sont partis. Heureusement, dit-elle, l'imam de la mosquée de Trappes ne cesse de dire aux jeunes dans ses prêches que "ceux qui partent n'ont rien compris", que "plutôt que d'aller tuer des femmes et des enfants là-bas, ils feraient mieux de s'occuper de leurs femmes et de leurs enfants ici".

Une scène de la pièce "Djihad", lors de sa représentation au théâtre à Trappes, le 15 avril 2016 [MIGUEL MEDINA / AFP]
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Une scène de la pièce "Djihad", lors de sa représentation au théâtre à Trappes, le 15 avril 2016

Selon le maire PS de Trappes Guy Malandain, une trentaine de jeunes seraient partis pour la Syrie "depuis quatre-cinq ans". "J'en connais quatre ou cinq personnellement, ils avaient un travail, des diplômes... C'est à la fois incompréhensible et douloureux". Mais de là à parler de sa commune comme d'un "Molenbeek à la française"... "Pas de caricature !", soupire-t-il, évoquant un "phénomène insupportable, mais minoritaire".

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