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Les attentats de Paris, début d'une campagne terroriste pour des experts

Un militaire du plan Vigipirate devant la Tour Eiffel le 16 novembre 2015 à Paris [JOEL SAGET / AFP] Un militaire du plan Vigipirate devant la Tour Eiffel le 16 novembre 2015 à Paris [JOEL SAGET / AFP]

Les attentats du 13 novembre à Paris risquent de marquer le début d'une campagne d'actions terroristes menées par Daesh dans les pays de la coalition qui le combattent en Syrie et en Irak, préviennent des experts.

Pour l'instant, la campagne de raids aériens visant ses installations dans les régions qu'il contrôle a peu entamé son potentiel, épargné ses chefs qui se sont mis à l'abri et elle devrait être intensifiée pour parvenir à sérieusement affaiblir l'organisation, ajoutent-ils.

"Daesh mène toujours parallèlement son ancrage territorial et son expansion internationale", assure à l'AFP Jean-Pierre Filiu, professeur à Sciences-Po Paris, spécialiste des mouvements jihadistes. "La séquence d'attentats Ankara (102 morts le 10 octobre), charter russe dans le Sinaï (224 morts le 31 octobre), Beyrouth (44 morts le 12 novembre), Paris (129 morts le 13 novembre) n'est pas une marque de faiblesse, bien au contraire".

Après l'avoir fait à Paris, montrer qu'ils peuvent le refaire ailleurs

"La force de Daesh, dans ce type d'actions, c'est d'avoir l'initiative", ajoute-t-il. "Jusqu'à présent, il garde l'initiative partout (...) Ils peuvent nous surprendre encore dans les prochains jours. Dans leur logique, il faut frapper le plus vite possible en Europe. L'idéal pour eux maintenant serait une frappe coordonnée quelque part en Europe. Après l'avoir fait à Paris, montrer qu'ils peuvent le refaire ailleurs. Vue la facilité avec laquelle ils franchissent les frontières, ce n'est pas de l'ordre de l'impossible".

La lettre confidentielle Intelligence Online (IO), généralement bien informée, écrivait jeudi que "plusieurs services de renseignements arabes ont transmis des informations à leurs homologues occidentaux selon lesquels six capitales ont été ciblées par Daech: Paris, Londres, Moscou, Le Caire, Riyad et Beyrouth".

Pour cela, lors d'une réunion au plus haut niveau qui s'est tenue en juin à Mossoul, "capitale" de Daesh en Irak, des émirs ont été chargés de monter cette campagne de terreur, précise IO. Pour la zone France/Espagne/Italie, c'est le belge Abdelhamid Abaaoud, abattu mercredi dans un raid policier près de Paris, qui avait été désigné responsable.

Dans son numéro 12 publié jeudi, le magazine en ligne de Daesh en anglais, Dabiq, dont la couverture, sous une photo de pompiers parisiens, clame "Just terror", félicite les "huit chevaliers qui ont mis Paris à genoux" et promet que le massacre parisien n'est qu'un début.

"Détruire ses villes"

De nouvelles menaces ont été proférées par deux jihadistes anonymes, dans une vidéo tournée en Irak, dans la province de Dijlah et mise en ligne vendredi et intitulée "Paris avant Rome". "Oh France de la croix, avec la permission d'Allah le tout-puissant nous allons pilonner tes monuments", clament-ils. "Nous avons commencé avec toi, nous terminerons par la Maison Blanche, qui sera noircie par notre feu".

Pour l'instant, la campagne de raids aériens de la coalition, à laquelle s'est récemment jointe la Russie, n'a pas vraiment affaibli Daesh, estiment les spécialistes. Si des jihadistes ont été tués, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme, l'état-major avait pris ses précautions.

"Les bombardements, ils les avaient évidemment anticipés", estime Jean-Pierre Filiu. "La direction de Daesh n'est bien sûr pas sous les bombes à Raqa. Ils sont à l'abri, dans des caches (...) Il est étonnant que les Russes aient aussi peu réagi à l'attentat contre leur avion, en commençant à bombarder sérieusement Daech. Pour l'instant le seul pays pour lequel Daech est l'ennemi numéro 1, c'est la France".

Une campagne aérienne sérieuse

Pour avoir un véritable impact et commencer à affaiblir l'organisation, il faudrait entamer ce que l'expert australien David Kilcullen qualifie de "campagne aérienne sérieuse", dix ou vingt fois plus intense que ce qui est fait actuellement.

"Nous continuons à traiter Daesh comme une organisation terroriste, cherchant à éliminer les chefs et les caches d'armes", dit-il à l'AFP. "Il faudrait la viser comme un Etat ennemi. C'est ce qu'ils sont. Ca signifie détruire ses sources d'énergie, approvisionnement d'eau, les champs pétroliers, les villes qu'ils contrôlent".

"Il n'y a pas d'alternative", conclut-il. "Ce qui s'est passé à Paris nous a montré que ce n'est pas autrement maîtrisable".

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