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Sorties de prison des détenus : des permissions et des questions

L'an dernier, près de 300 détenus ont profité de leur sortie pour se faire la belle. L'an dernier, près de 300 détenus ont profité de leur sortie pour se faire la belle.[AFP]

L'Etat s’interroge sur les permissions de sortie des détenus, après la fusillade de lundi à Saint-Ouen.

 

Alors que le ­policier blessé lundi lors d’une fusillade en Seine-Saint-Denis se trouve toujours dans un état grave, le profil de son agresseur, mort au cours de l’affrontement, suscite des interrogations. Au cœur du débat : les permissions de sortie accordées aux prisonniers. L’homme, ­radicalisé et fiché, se trouvait en cavale depuis mai, date à laquelle il avait profité de sa «perm» pour s’échapper.
 
 
Près de 300 évasions par an
 
Face à la polémique suscitée, l’Etat ­entend tirer les leçons de cet échec. Le Premier ministre, Manuel Valls, a indiqué ce mercredi sur RTL vouloir "sans doute revoir la législation" en la matière, "dans les semaines et les mois qui viennent". La veille, la garde des Sceaux, Christiane Taubira, avait annoncé avoir "commandé un examen précis" des textes en question. 
 
 
Actuellement, les permissions de sortie permettent à un condamné (les détentions provisoires en sont exclues) de s’absenter entre un et cinq jours. ­Décidée par le juge d’application des peines (JAP), elle lui permet de voir sa famille, mais aussi d’aller au chevet d’un proche malade, à un enterrement, à un rendez-vous médical ou encore à un entretien d’embauche. 
 
Une mesure utilisée de manière très régulière, puisque près de 50 000 permissions de sortie ont été accordées par les JAP l’an dernier.
 
Mais si "99,5 % d’entre elles se passent sans encombre", explique la secrétaire générale du Syndicat de la magistrature, ­Laurence Blisson, le reste pose problème. Ainsi, pas moins de 295 détenus ont ­profité de leur sortie, en 2014, pour ne pas regagner la prison.
Il y a donc, en moyenne, près d’une évasion par jour de ce type dans le pays.
 
 
La volonté de plus de fermeté

Pour enrayer ce phénomène, la ministre de la Justice a évoqué mardi la possibilité d’«imposer systématiquement pour certains détenus une escorte», avec un encadrement de la police, de la gendar­merie ou de l’administration pénitentiaire.

Mais cette méthode "doit rester exceptionnelle, car elle est très lourde», juge David Daems, secrétaire national de FO Pénitentiaire. Le constat est le même pour la généralisation des bracelets électroniques, techniquement infaisable à grande échelle. Selon lui, la justice doit être moins "laxiste". Il dénonce ainsi la manière "mécanique" avec laquelle les dossiers sont traités. "Les magistrats ont leur part de responsabilité", assure-t-il, ajoutant que les permissions de sortie "ne doivent pas être la règle, mais l'exception". 

Le syndicat policier Alliance, par la voix de Fabien Van Hemelryck, va dans ce sens. Il appelle lui aussi à davantage de "fermeté" de la part de la justice. "Il faut que les auteurs de crimes et de délits sachent que lorsqu'ils se font attraper, ils auront une peine exemplaire", selon lui.

 

Un danger ou une nécessité ? 

Mais les sorties temporaires restent "une nécessité" dans le processus de réinsertion, d'après le Syndicat de la magistrature. Laurence Blisson explique ainsi qu'elles sont "essentielles dans le temps vide que représente la prison", et permettent, sur le long terme, de "protéger la société".

Elle rappelle aussi que malgre tous les efforts fournis par les juges d'application des peines, ceux-ci "ne peuvent prédire l'avenir car ils n'ont pas de boule de cristal". Conséquence : le "risque zéro n'existe malheureusement pas".

 

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