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Les salariés de Gad entre inquiétude et espoir de reprise

Un champ devant l'entrée des abattoirs Gad à Josselin dans le Morbihan, le 11 août 2014   [Miguel Medina / AFP] Un champ devant l'entrée des abattoirs Gad à Josselin dans le Morbihan, le 11 août 2014 [Miguel Medina / AFP]

Dans la petite ville bretonne de Josselin, les salariés de Gad oscillent entre l'inquiétude de perdre leur emploi et l'espoir d'une hypothétique reprise de leur abattoir de porcs, menacé de liquidation judiciaire.

C'est la semaine dernière que la direction du groupe a fait part aux représentants des salariés de son intention d'ouvrir une procédure de liquidation judiciaire, selon la CFDT. Une décision confirmée lundi par la direction de Gad et qui menace 950 emplois.

A Josselin, ville de 2.500 habitants de Bretagne intérieure, ce sont des salariés inquiets, parfois désemparés, qui franchissent la barrière de l'abattoir pour y prendre leur service en milieu de journée.

"C'est dur. On ne s'attendait pas à ce que ça arrive du jour au lendemain", confie à l'AFP Emmanuelle, 26 ans, dont six passés chez Gad. "On se pose plein de questions. Qu'est-ce qu'on va devenir? Qu'est-ce qu'on va faire plus tard, de notre avenir?" s'interroge cette maman d'une petite fille.

"On est dégoûtés", lâche bouleversée une autre salariée, en poste depuis l'ouverture de l'abattoir morbihannais en 1993. "Un si bel outil de travail, c'est décevant. Un jour on y croit, un jour on n'y croit plus", poursuit-elle désabusée.

Deux employés devant l'entrée des abattoirs Gad à Josselin dans le Morbihan, le 11 août 2014  [Miguel Medina / AFP]
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Deux employés devant l'entrée des abattoirs Gad à Josselin dans le Morbihan, le 11 août 2014

"Pour moi, c'est fini, mais c'est dramatique pour les jeunes." Après 24 ans chez Gad, cet homme, souhaitant rester anonyme, est sur le point de partir à la retraite mais se désole notamment pour le sort de sa belle-fille, salariée depuis une dizaine d'années.

A l'heure d'évoquer une éventuelle reprise de leur abattoir, la prudence est de mise parmi les salariés. "Rien n'est fait, il n'y a pas de signature", rappelle l'un d'entre eux, le projet "reste flou" et "je ne pense pas que tout le monde va rester", renchérit un autre.

Intermarché, via sa filiale SVA Jean Rozé, est toujours en discussion en vue d'une reprise du site, a indiqué lundi la direction de la Cecab, le groupe coopératif morbihannais actionnaire majoritaire de Gad. Toutefois, le groupe de distribution n'a pas formellement déposé d'offre à ce jour, a-t-elle précisé, ajoutant qu'aucun autre repreneur potentiel ne s'était manifesté.

- 'Ils vont bien rigoler' à Lampaul -

"S'il y a une reprise, c'est bien à prendre", concède Christophe, 31 ans. Mais cet employé de l'abattoir porcin "n'y croit plus du tout": "Ca coulait depuis un moment. Vu comme Lampaul avait fermé..."

Il y a moins d'un an, c'est un autre abattoir de Gad, situé à Lampaul-Guimiliau (Finistère), qui fermait ses portes, à la suite du placement en redressement judiciaire du groupe. Le plan de continuation, validé en octobre dernier par le tribunal de commerce de Rennes, entérinait la suppression de près de 900 postes.

A l'époque, les esprits s'étaient échauffés entre les salariés des deux abattoirs.

Un camion transportant des porcs arrive aux abattoirs Gad à Josselin dans le Morbihan, le 11 août 2014  [Miguel Medina / AFP]
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Un camion transportant des porcs arrive aux abattoirs Gad à Josselin dans le Morbihan, le 11 août 2014

"Je pense qu'ils vont bien rigoler sur nous", imagine déjà un homme travaillant sur le site de Josselin, 30 années chez Gad à son actif, qui accueille "très mal" la nouvelle dévoilée ce week-end. "C'est dur à avaler. On avait confiance dans ce que nous avait dit la direction, avec le plan de continuation", explique-t-il. "On y croyait. Ca fait mal."

Olivier Le Bras, ancien délégué FO de l'abattoir de Lampaul, aujourd'hui licencié, n'est pas surpris. "On avait annoncé assez rapidement que Josselin n'allait pas s'en sortir tout seul", se souvient-il. "Malheureusement, on avait raison, et la durée de vie est bien plus courte que prévu". "La Cecab a organisé un génocide de l'emploi", accuse-t-il.

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