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Hommage franco-allemand aux premiers soldats victimes en 14-18

Des acteurs jouent le lieutenant allemand Mayer (droite) et le caporal français Peugeot (au centre), gisant au sol, lors d'un hommage à Joncherey le 2 août 2014 [Sébastien Bozon / AFP] Des acteurs jouent le lieutenant allemand Mayer (droite) et le caporal français Peugeot (au centre), gisant au sol, lors d'un hommage à Joncherey le 2 août 2014 [Sébastien Bozon / AFP]

Quelques heures avant la guerre, la France et l'Allemagne comptaient déjà chacune un mort, tombés lors d'une escarmouche le 2 août 1914 près de Belfort. Leurs familles ont fraternisé samedi lors d'un hommage rendu dans le village où ils se sont entretués.

Cent ans après, le son des balles a une nouvelle fois claqué à Joncherey, un village de quelque 1.300 habitants. En tenues militaires d'époque, des figurants y ont reconstitué sous un ciel ensoleillé la fusillade qui a coûté la vie au caporal français Peugeot et au sous-lieutenant allemand Mayer.

A la tête d'une patrouille de six cavaliers, l'officier allemand avait fait une incursion d'une dizaine de kilomètres en territoire français, tombant nez à nez avec des soldats français.

"Halte-là", crie Jules-André Peugeot, 21 ans, avant d'échanger des coups de feu avec Albert Mayer, d'un an son aîné. Le premier est mortellement touché. Le second, blessé, poursuit sa chevauchée avant de tomber sous les balles d'autres Français.

Les descendants du caporal français Peugeot et du lieutenant allemand Mayer, Serge Curtit (troisième à gauche) et Damien Frey (deuxième à droite), se serrent la main lors d'un hommage à Joncherey le 2 août 2014 [Sébastien Bozon / AFP]
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Les descendants du caporal français Peugeot et du lieutenant allemand Mayer, Serge Curtit (troisième à gauche) et Damien Frey (deuxième à droite), se serrent la main lors d'un hommage à Joncherey le 2 août 2014

"Pourquoi Mayer a-t-il a chargé ? Que faisait-il là ? Tout ce dont on est sûr, c'est que Mayer a tiré trois coups de revolver et que Peugeot a tiré un coup de fusil", détaille Gilles Maire, lieutenant-colonel en retraite et maître d'oeuvre de la reconstitution organisée à Joncherey devant des centaines de personnes.

De la terre provenant des sépultures des deux soldats a été déposée samedi dans une urne, devant le mémorial en grès rose du caporal Peugeot, installé à Joncherey depuis 1959, sur lequel on peut lire : "Plus de trente heures avant qu'elle ne déclare la guerre à la France, l’Allemagne impériale et royale a répandu le premier sang français".

"Porteur de paix"

C'est Serge Curtit, petit-neveu du caporal Peugeot, tout vêtu de blanc, qui a été chargé du geste symbolique et fraternel avec Daniel Frey, arrière petit neveu de Mayer.

"Je suis fier d'être porteur de la paix avec mes amis allemands", s'est réjoui M. Curtit, 62 ans, qui habite depuis quelques années dans la maison natale de son grand-oncle, à Etupes, près de Sochaux. "Il n'y a pas d'animosité, Mayer et Peugeot ont fait leur devoir de citoyens et de militaires".

"C'était une bonne idée symbolique pour réunir les deux anciens ennemis et célébrer l'amitié franco-allemande", s'est félicité M. Frey, en costume gris et chemise blanche, avant que les deux hommes se serrent la main en souriant devant l'urne qu'ils venaient de remplir.

Un hommage au caporal Peugeot est organisé tous les ans à Joncherey, mais c'est la première fois qu'il prend cette dimension franco-allemande.

Une délégation de la ville de Magdebourg, d'où était originaire la famille de Mayer, a fait le déplacement. Et M. Frey était accompagné d'une vingtaine de membres de la famille du soldat, venus de différentes villes allemandes.

"Je suis très touchée de cette cérémonie", a expliqué à l'AFP Sibylle Frey, dont la grand-mère était la soeur du soldat Mayer. "C'est très important, ça me fait du bien qu'après cent ans, les familles françaises et allemandes soient réunies", a expliqué cette femme aujourd'hui installée dans les Vosges.

 
 

Cent ans après, les raisons pour lesquelles la patrouille allemande s'est aventurée en territoire français restent floues. L'Allemagne n'a en effet déclaré la guerre à la France que le lendemain, le 3 août 1914.

 

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