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Rythmes scolaires assouplis : remise des copies

Des élèves font leur rentrée scolaire [Jean-Philippe Ksiazek / AFP/Archives] Des élèves font leur rentrée scolaire [Jean-Philippe Ksiazek / AFP/Archives]

Les communes qui veulent profiter des assouplissements de la réforme des rythmes scolaires permis par Benoît Hamon ont jusqu'à vendredi pour remettre leur copie, dans le cadre d'un décret conçu théoriquement pour les 6% en difficulté ou récalcitrantes.

Selon des remontées provisoires du ministère de l'Education nationale, portant sur un peu plus de la moitié des départements français, les écoles publiques de la quasi-totalité des communes (94,8%) fonctionneront avec une semaine de neuf demi-journées dans le cadre du décret de l'ancien ministre Vincent Peillon, tandis que 5,2% envisagent des assouplissements autorisés par le nouveau texte de Benoît Hamon.

Ce dernier a élaboré un décret pour aider les 6% de communes qui n'avaient pas bouclé leur dossier pour la rentrée 2014, lorsque toutes les villes devront mettre en oeuvre la réforme, parce qu'elles rencontraient des difficultés ou s'y opposaient. Mais légalement, rien n'empêche des grandes villes de s'en saisir, comme le souhaitent Montpellier ou Lyon.

Ce texte maintient le retour obligatoire à cinq matinées de classe pour profiter des pics de vigilance des écoliers, tout en permettant d'organiser huit demi-journées de cours au lieu de neuf, afin de réunir les activités périscolaires en un seul après-midi s'il y a consensus local. Il est plus facile en milieu rural de recruter des animateurs pour trois heures que pour quatre fois 45 minutes ou deux fois 1H30. Le texte autorise aussi des semaines de moins de 24 heures de classe avec rattrapage sur les vacances.

- Les temps d'apprentissage -

Parmi les 4.000 communes (sur les 24.000 possédant au moins une école) qui ont déjà adopté la réforme en septembre 2013, seules 38 prévoient d'utiliser le décret Hamon, selon le ministère.

Les communes qui ne déposeront aucun projet devraient être très rares, prévoit l'Education nationale. Les autorités académiques fixeraient alors "les temps d'apprentissage" en vertu de l’article L. 211-1 du code de l’éducation. Parents et enseignants devant être fixés courant juin.

"Le 2 septembre prochain, tous les enfants de France travailleront cinq matinées par semaine, parce que c'est dans leur intérêt", a affirmé mercredi Benoît Hamon.

Le ministre de l'Education Benoît Hamon le 3 juin 2014 à l'Elysée, à Paris [Alain Jocard / AFP]
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Le ministre de l'Education Benoît Hamon le 3 juin 2014 à l'Elysée, à Paris

Les assouplissements visent aussi à permettre des organisations locales jugées pertinentes mais hors des clous du décret Peillon. C'est le cas d'Epinal, où un "aménagement du temps de l'enfant" a été lancé dès 1990 avec cinq matinées de cours classiques par semaine mercredi compris, et des après-midi consacrés aux activités sportives et culturelles. La ville, initialement opposée à la réforme, s'est saisie du décret Hamon: les écoles disposeront d'un seul après-midi d'activités culturelles et sportives, ce qui permet de se déplacer pour du golf, de l’escrime ou du canoë-kayak.

A un mois des vacances, la situation reste confuse par endroits, comme à Marseille : le sénateur-maire UMP Jean-Claude Gaudin propose un soutien scolaire sans classe le mercredi, tandis que le rectorat évoque une semaine de 4,5 jours arrêtée "sur proposition du maire".

Les alternances aux municipales ont aussi compliqué la donne. A Aulnay-sous-Bois, le nouveau maire UMP Bruno Beschizza ne veut pas appliquer la réforme à la rentrée. "Demain, si on me donne les moyens et le temps d'écouter tout le monde, pas de problème", assure-t-il à l'AFP, jugeant cette réforme "matériellement impossible" en l'état, en raison de son coût et de "l'impréparation" de l'équipe précédente.

Des maires UMP demandent toujours un moratoire comme Didier Gonzalez à Villeneuve-le-Roi (Val-de-Marne), dénonçant "l'absence de financement pérenne de l'Etat dans un contexte de baisse des dotations".

La deuxième fédération de parents d'élèves Peep, classée à droite, a interrogé sa base par mail entre le 30 mai et le 3 juin: 63% des 4.530 parents de primaire ayant répondu souhaitent un abandon de la reforme et 81% ne pensent pas qu'elle aura un effet sur la lutte contre les inégalités à l'école.

A contrario, un sondage CSA commandé par le ministère affirme que pour une majorité de Français, la mise en place des nouveaux rythmes est perçue comme un levier de réduction des inégalités sociales (59%) et de réussite scolaire (52%).

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