C’est devant une nuée de caméras que s’est joué dimanche soir le dénouement du «pèlerinage» de Jérôme Kerviel.
Car l’ex-trader de la Société Générale, qui doit purger une peine de trois ans de prison ferme pour sa fraude massive de début 2008, s’est finalement décidé à passer la frontière.
Installé depuis samedi dans la ville italienne de Vintimille, après deux mois et demi de marche depuis Rome, il est sorti de son hôtel vers 19h, sac au dos, pour rejoindre l’Hexagone : «Je marche et je rentre vers la France», a-t-il annoncé.
Souhaitant «dîner avec (ses) amis», il devait ensuite parcourir les 12 kilomètres qui le séparait du commissariat de police de Menton (Alpes-Maritimes).
C’est là que l’attendaient les autorités françaises avant minuit, heure de l’expiration de sa convocation.
Passé ce délai, il pouvait être considéré en fuite et faire l’objet d’un mandat d’arrêt européen. Une possibilité que l’homme de 37 ans a balayé : «Je n’ai jamais été en fuite, j'ai toujours assumé ma responsabilité».
Un homme «en fuite» ?
Pourtant, jusqu’à hier soir, il avait laissé plané le doute. Sa tactique avait consisté à rester en Italie dans l’attente d’une réponse de l’Élysée concernant sa demande de protection de témoins.
Il réclamait l’immunité pour des personnes pouvant apporter un éclairage sur son cas, et demandait que sa défense puisse rencontrer François Hollande pour «lui exposer l’ensemble des dysfonctionnements graves» de la justice dont il se dit victime.
Un appel auquel le chef de l’État n’a pas donné suite. Malgré sa probable incarcération, Jérôme Kerviel a réussi ce week-end à transformer son retour en «happening» judiciaire, faisant réagir une bonne partie de la classe politique ces derniers jours.
Une mise en scène peu appréciée par la Société Générale, qui a dénoncé un simple «tapage médiatique».