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Cornélie Sellali Bois-Blanc, première femme amérindienne élue maire

Première femme amérindienne élue maire, Cornélie Sellali Bois-Blanc vient d'être élue maire d'Iracoubo, en Guyane française, dans sa commune le 30 mars 2014 [Jody Amiet / AFP] Première femme amérindienne élue maire, Cornélie Sellali Bois-Blanc vient d'être élue maire d'Iracoubo, en Guyane française, dans sa commune le 30 mars 2014 [Jody Amiet / AFP]

C'est une première en Guyane et tout un symbole: une femme amérindienne Cornélie Sellali Bois-Blanc a ceint dimanche l'écharpe tricolore de maire, après avoir été élue dès le premier tour dans la commune pluriethnique d'Iracoubo, 1.997 habitants.

Vêtue d'un tailleur blanc et arborant un châle traditionnel coloré à franges, cette femme dynamique de 43 ans, a eu droit à une ovation debout dans une mairie bondée en présence de plusieurs responsables politiques locaux.

Les Amérindiens sont l'un des plus anciens peuples de la région et vivent essentiellement dans des villages en forêt. Aujourd'hui très minoritaires, ils sont peu présents dans la vie publique.

Fière de ses 56,81% obtenus dimanche dernier après une âpre campagne contre le maire sortant de cette commune, située à 1h30 de route à l'ouest de Cayenne, Cornélie Sellali Bois-Blanc s'est surtout réjouie d'avoir engrangé des voix dans les trois bureaux de vote et pas que dans celui de son village amérindien de Bellevue (700 hab). "Iracoubo, c'est mélangé: il y a des Amérindiens, des créoles, des Hmongs, des Bushinengués, des Brésiliens... Mon élection a dépassé le réflexe ethnique", déclarait à l'AFP la nouvelle édile (sans étiquette), quelques jours avant son intronisation officielle.

- "Amérindienne et fière de l'être" -

"Je suis amérindienne et fière de l'être mais je suis une femme guyanaise et je représenterai la population d'Iracoubo qui m'a élue dans sa diversité", a affirmé l'ancienne adjointe au maire depuis 2001.

Consciente que les Amérindiens "sont souvent timides" et de ce fait "restent de côté", elle exhorte les siens "à participer à la vie publique".

"On est toujours laissés pour compte dans l'aménagement" de la commune, dit-elle pour expliquer son engagement en politique. Déjà première Amérindienne à être première adjointe au maire en 2001, elle a vu ses relations avec le maire se détériorer ces dernières années, jusqu'à la rupture.

Sa décision de briguer le poste a été prise après une "réunion de famille". Mariée, mère de 4 enfants, déjà grand-mère, issue d'une fratrie nombreuse (6 sœurs et 1 frère), Cornalie Sellali Bois-Blanc a été "soutenue par tout le monde". "Ca m'a motivée et rendue encore plus forte", raconte-t-elle, soulignant que son mari "a été le premier à lui dire d'y aller".

Iracoubo, ville de transit pour les camions qui relient Cayenne à Saint-Laurent-du Maroni, frappée par un chômage à près de 50%, dispose d'atouts qu'elle veut développer.

Mme Sellali Bois-Blanc, enquêtrice à temps partiel de la Direction de l'Agriculture de Guyane, entend redévelopper l'agriculture d'abord vivrière et puis l'élevage mais aussi l'aquaculture dans les criques. Elle ambitionne même de créer "un label local".

Elle souhaite aussi développer les sites touristiques afin que les gens s'arrêtent dans le village au lieu de le traverser, et créer ainsi de l'emploi local. La commune est connue pour son église, classée monument historique, dotée d'une fresque de 400 m2 de style naïf: elle fut entièrement décorée par le bagnard Pierre Huguet. La crique Morpio, proche de la nationale et donc facile d'accès, "est un lieu où les familles pourraient venir pour se baigner" mais qui a été "laissée à l'abandon", explique l'élue, qui veut aussi mieux accueillir les pèlerins au cimetière des Pères, témoignage de la déportation des prêtres réfractaires à la toute fin du XVIIIe siècle.

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