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Les étudiants infirmiers victimes du bras de fer entre cliniques et gouvernement

Photo d'archive d'une élève infirmière dans le service urologie de l'hôpital d'Angers, en train de préparer une seringue pour une injection, prise le 25 octobre 2013   [Jean-Sebastien Evrard / AFP/Archives] Photo d'archive d'une élève infirmière dans le service urologie de l'hôpital d'Angers, en train de préparer une seringue pour une injection, prise le 25 octobre 2013 [Jean-Sebastien Evrard / AFP/Archives]

L'inquiétude monte chez les étudiants infirmiers face au refus des cliniques privées de les prendre en stage à partir du 1er mars pour s'opposer à toute tentative de baisse de leurs tarifs.

Les cliniques redoutent que le gouvernement - qui fixe chaque année leurs tarifs - ne décide de les abaisser afin de compenser un Crédit d'impôt dont elles bénéficient, contrairement aux hôpitaux publics.

Pour faire pression sur le gouvernement, la Fédération de l'hospitalisation privée (FHP) les appelle à ne plus accueillir les étudiants infirmiers en stage.

"Notre inquiétude est grande pour les étudiants qui risquent de se retrouver privés de stages, ou alors avec des stages à 5, 6, 8, 10, au détriment de la qualité pédagogique", a déclaré à l'AFP Karina Durand, présidente de la Fédération nationale des étudiants en soins infirmiers (Fnesi).

A Lille, une manifestation spontanée a réuni plus de 200 élèves infirmiers mercredi pour dénoncer la "galère" dans laquelle ils sont embarqués, avec, selon eux, un risque de report des diplômes de plusieurs mois. D'autres rassemblements avaient eu lieu mardi.

De son côté, le ministère des Affaires sociales et de la Santé a reconnu que la situation était "problématique", déplorant "fermement" une "prise en otage" des élèves infirmiers.

La ministre, Marisol Touraine, a toutefois souhaité "rassurer les 7.000 étudiants en soins infirmiers concernés": elle "s'engage" à ce qu'ils "puissent effectuer un stage".

Les cliniques accueillent chaque année 35.000 élèves infirmiers en première, deuxième ou troisième année, sur un total de 90.000.

"Ce qu'on dit aux étudiants, c'est +si vous êtes en stage chez nous, vous restez, si vous devez commencer votre stage à partir du 1er mars, vous ne viendrez pas chez nous+", a expliqué à l'AFP le président de la FHP, Jean-Loup Durousset.

Les Agences régionales de santé et le ministère "ont réussi à recaser certains stagiaires", selon la Fnesi, qui évalue à 2.000 les étudiants sans solution, un chiffre qui pourrait être doublé.

Les responsables de la Fnesi ont prévu de se réunir samedi pour envisager des actions "fortes", selon Mme Durand, qui n'exclut pas une manifestation nationale à Paris.

- Etudiants 'pris en otages' -

De son côté, l'Union nationale des étudiants de France (Unef) a également estimé que les étudiants étaient "pris en otages" et en a appelé au gouvernement pour aménager leur cursus.

Les stages sont obligatoires pour valider le diplôme d'infirmier. "Au Kremlin-Bicêtre (Val-de-Marne), les étudiants ont appris que le diplôme de 2e année serait repoussé de six mois", a indiqué Mme Durand.

Selon M. Durousset, 820 établissements privés, sur les 1.100 que regroupe la FHP, participent au mouvement.

"Si cette année encore, l'évolution (des tarifs) est négative, cela signifiera que le gouvernement récupère encore une partie du Crédit d'impôt CICE et nous ne le voulons pas", a-t-il indiqué, jugeant cela "injuste et inéquitable".

Le gouvernement avait déjà procédé en 2013 à une baisse de 0,21%, récupérant ainsi une première partie du CICE.

Le CICE permet aux cliniques d'être exonérées de charges à hauteur de 140 millions d'euros, selon M. Durousset.

"Nous ne sommes pas en train de dire que l’hospitalisation privée demande une évolution positive des tarifs", a-t-il assuré. Mais une baisse nécessiterait "préparation", selon lui: "Nos établissements ne peuvent pas au 1er mars appliquer immédiatement des baisses tarifaires, il faut anticiper".

"Nous posons une question plus générale à la ministre: +est-ce que vous continuez à nous marginaliser ou est-ce que vous êtes prête à considérer que l'hospitalisation privée et publique sont deux acteurs qui partagent les mêmes responsabilités+?", a-t-il conclu.

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