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Berger urbain loue moutons pour tondre les pelouses

Armand Harlé d'Ophove, fondateur de "la bêle solution", pose avec un agneau à Longueil-Sainte-Marie près de Paris le 19 février 2014 [Sandra Laffont / AFP] Armand Harlé d'Ophove, fondateur de "la bêle solution", pose avec un agneau à Longueil-Sainte-Marie près de Paris le 19 février 2014 [Sandra Laffont / AFP]

Les éleveurs reviennent en ville: comme au temps des transhumances, des bergers urbains louent leurs moutons dans des espaces verts, pour une tonte écolo-bobo.

Installé dans l'Oise, Armand Harlé d'Ophove n'est pas mécontent de parler de sa petite entreprise au Salon de l'agriculture, dont l'un des deux thèmes cette année est l'agriculture urbaine.

Trentenaire, pantalon de velours et chaussures de ville tachées de boue, ce n'est pas le genre d'agriculteur qu'on rencontre tous les jours.

Il vient de la haute, et vit toujours chez ses parents dans le grand domaine familial de Longueil Sainte-Marie. Un "Tanguy" certes mais qui entreprend: il a ouvert un restaurant sur les terres de "papa" et s'est lancé dans la location de moutons voilà deux ans.

L'idée, il l'a trouvée chez lui car depuis toujours la famille a des moutons pour tondre son gazon.

"La propriété est constellée d'étangs et l'entretien de ces parcelles tarabiscotées est difficilement mécanisable", explique le père, Denis, rencontré dans son manoir, où les pièces en enfilade semble venues d'un autre siècle.

Les Harlé d'Ophove ont aujourd'hui 280 moutons. Ils produisent de la viande qu'ils vendent à des abattoirs ou des bouchers. Mais comme cette activité est déficitaire, Armand cherchait un moyen de la diversifier.

Au début, il pensait aux particuliers. Mais la sécurité aurait été difficile à assurer, avec des moutons susceptibles de s'échapper sur la route, les enfants à surveiller, etc. Et puis, à une famille, on ne peut louer qu'un ou deux moutons, pas très rentable, explique-t-il.

Alors il s'est tourné vers les entreprises. Et la Lyonnaise des Eaux est la première à avoir mordu. C'est ainsi, qu'à l'été 2012, il a placé 50 moutons sur la station d'épuration de l'agglomération de Compiègne (ARC) à Lacroix-Saint-Ouen.

Pour les convaincre, il a joué sur des arguments à la mode: avec des moutons, point de tondeuse donc vous économiserez de l'énergie. "Et surtout, les excréments de moutons sont un engrais naturel et attirent microbes, insectes et oiseaux. C'est ainsi que toute une faune et une flore qui se réinstallent".

Le pâturage crée une mosaïque de micro-milieux naturels, qui constitue un habitat naturel pour la biodiversité, contrairement au fauchage et sa coupe uniforme.

- "Ça change du calme ambiant" -

"Le but du jeu était de réduire l'empreinte carbone du site", explique Cyril Lesueur, responsable de la station d'épuration. "La cohabitation avec les employés s'est bien faite, ils étaient plutôt amusés, ça change du calme ambiant".

Le berger les entoure dans un enclos qu'il déplace toutes les deux semaines afin que toute la surface soient broutées.

Les bêtes, elles, s'adaptent parfaitement, raconte Michel. Surtout quand il y a de la bonne herbe. Elles restent ainsi d'avril à septembre et, en partant, Armand passe un coup de tondeuse mécanique histoire de tout remettre au niveau pour l'hiver.

L'initiative a fait des petits au sein de la Lyonnaise des Eaux qui utilise désormais cette tonte naturelle pour plusieurs de ses sites. Et pour l'été prochain, Armand a déjà deux autres clients: Wec Mats Béton et un site dans l'Oise du fabricant de matériel électrique Legrand.

Pour la suite, comme son troupeau n'est pas extensible, le jeune entrepreneur souhaite lancer une plate-forme de mise en relations entre éleveurs ovins et entreprises.

Une bonne façon selon lui, de donner les moyens aux éleveurs de diversifier leurs revenus, à un moment où ceux-ci sont en berne.

D'autres initiatives du même type émergent ailleurs comme Ecomouton qui loue des moutons d'Ouessant, les plus petits du monde. Là il ne s'agit pas d'éleveur mais d'entrepreneurs dans le transport qui se sont lancés dans cette activité après l'avoir testée sur leurs surfaces.

En Ile-de-France, l'Agence des espaces verts (AEV), organisme rattaché à la région, a mis à disposition à titre gracieux sur le plateau de l’Ormeteau (Seine-et-Marne) quelque 33 hectares de terres à un éleveur bio. En échange il a installé une dizaine de ses vaches Highland pour entretenir l'espace.

 

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