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Révolution chez PSA qui s'ouvre à Dongfeng et à l'Etat

Le nouveau président du directoire Carlos Tavares de PSA Peugeot Citroën (gauche) et le président Philippe Varin lors d'une conférence de presse à Paris le 19 février 2014 Le nouveau président du directoire Carlos Tavares de PSA Peugeot Citroën (gauche) et le président Philippe Varin lors d'une conférence de presse à Paris le 19 février 2014 [Eric Piermont / AFP]

PSA Peugeot Citroën espère avoir assuré son avenir avec l'arrivée de l'Etat et du chinois Dongfeng à son capital mais sa situation dans l'immédiat reste difficile, avec une perte nette de 2,3 milliards d'euros en 2013.

 

Au terme de plusieurs mois de négociations, le numéro un français de l'automobile a officialisé mercredi sa révolution historique: il ne sera plus une entreprise familiale.

Dans le cadre d'une augmentation de capital d'un montant global de 3 milliards d'euros, l'Etat français et Dongfeng, deuxième constructeur chinois, vont investir chacun 800 millions d'euros dans PSA.

Ils auront, à l'issue de cette opération en plusieurs étapes, une part respective de 14% du capital, au même niveau que la famille Peugeot, actionnaire historique du groupe, qui détenait jusqu'à présent 25,4% du capital et 38,1% des droits de vote.

L'opération a été approuvée mardi "à l'unanimité" par le conseil de surveillance de PSA, a souligné dans un communiqué le président de l'instance, Thierry Peugeot, longtemps réticent à cette solution.

Chaîne de montage de PSA à Poissy, près de Paris, le 27 janvier 2012 [Thomas Samson / AFP/Archives]
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Chaîne de montage de PSA à Poissy, près de Paris, le 27 janvier 2012
 

Le projet doit encore être validé en assemblée générale, une étape qui n'inquiète pas le président sortant du directoire, Philippe Varin, malgré les critiques de l'Association de défense des actionnaires minoritaires (Adam).

Le bouleversement de l'actionnariat du groupe va s'accompagner d'un changement de patron. L'ex-numéro deux de Renault Carlos Tavares, qui a rejoint le directoire de PSA le 1er janvier, en prendra la présidence le 31 mars. Sans attendre, il assurera dès jeudi la gestion opérationnelle du constructeur.

L'arrivée de ce fin connaisseur de l'industrie automobile est très attendue pour redresser la barre.

"Nous sommes prêts pour ce rebond, pour cette croissance accélérée, pour mettre en place et finaliser le redressement de l'entreprise", a-t-il déclaré mercredi devant des analystes.

"Nous avons traversé des années difficiles", a reconnu Philippe Varin, soulignant la mise "en évidence des problèmes structurels" du groupe vieux de deux siècles.

 

- "Une nouvelle page" -

Longtemps réticent à la perspective d'une réduction de l'emprise de la famille, Thierry Peugeot a salué l'ouverture d'une "nouvelle page de l'histoire de PSA Peugeot Citroën", qui va assurer "la pérennité du groupe" et "sa croissance future".

L'avenir de PSA Peugeot Citroën [S. Ramis-K. Tian/P. Defosseux/jm / AFP]
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L'avenir de PSA Peugeot Citroën
 

Le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, a salué une opération "majeure". Elu du berceau franc-comtois de Peugeot, le ministre de l'Economie, Pierre Moscovici, a justifié un "investissement avisé et stratégique" de l'Etat, et rappelé l'engagement de PSA à ce qu'il n'y ait "pas de fermeture d'usine" en France d'ici 2016.

L'accord final doit être signé fin mars, à l'occasion d'une visite du président chinois, Xi Jinping, en France.

Par ce biais, le constructeur français entend se renforcer en Asie du Sud-Est et en Chine, qui devrait être son premier marché d'ici 2015. L'objectif est de tripler dans ce pays à l'horizon 2020 le volume de production de DPCA, sa co-entreprise déjà en place avec Dongfeng.

Il vise à la même échéance "environ 400 millions d'euros par an" de synergies industrielles avec son partenaire.

Le soutien financier de l'Etat et de Dongfeng doit aussi permettre à PSA de renforcer son positionnement en Europe en aidant à financer "un programme d'investissements stratégiques" et de renforcer son bilan et ses liquidités "conduisant à une forte baisse des frais financiers", a souligné le groupe.

Frappé depuis deux ans par une crise profonde en raison de sa trop forte dépendance au marché européen, PSA Peugeot Citroën n'est pas encore tiré d'affaire.

Il est toutefois parvenu en 2013 à réduire de moitié sa perte nette, ramenée à 2,3 milliards d'euros, contre 5 milliards un an plus tôt. Une performance saluée à la Bourse de Paris, où le titre gagnait plus de 2% peu avant midi (11H00 GMT) dans un marché en légère baisse.

 

- Tavares au volant dès jeudi -

Il a fortement réduit sa consommation de liquidités, à 426 millions d'euros contre 3 milliards en 2012, et espère atteindre un flux de trésorerie opérationnel positif "en 2016 au plus tard", grâce aux mesures d'économies déjà annoncées et à sa nouvelle alliance.

L'objectif est toujours d'économiser 1,5 milliard d'euros supplémentaires d'ici 2015, notamment par le projet de restructuration qui a vu la fermeture de l'usine d'Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) et le maintien d'une seule ligne de production dans les usines de Poissy (Yvelines) et Mulhouse.

PSA Peugeot Citroën a également annoncé le renouvellement d’un crédit syndiqué d'un montant de 2,7 milliards d'euros.

Pour renflouer ses comptes, le groupe automobile compte par ailleurs sur la création d'un partenariat entre sa filiale bancaire et Santander Consumer Finance, filiale de crédit à la consommation de l'espagnol Santander.

Cet accord pourrait renflouer les caisses de la maison mère à hauteur de 1,5 milliard d'euros d'ici 2018, selon PSA.

Il permettrait également à Banque PSA Finance, au bord du gouffre à l'automne 2012, de ne plus avoir recours à la garantie de l'Etat français lui a apporté à hauteur de 7 milliards d'euros pour l'éloigner du précipice.

 

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