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Une fillette meurt dans l'incendie d'un camp de Roms à Bobigny

Le camp de Roms incendié où une fillette bulgare de 8 ans à trouvé la mort à Bobigny, le 12 février 2014 [Julian Colling / AFP] Le camp de Roms incendié où une fillette bulgare de 8 ans à trouvé la mort à Bobigny, le 12 février 2014 [Julian Colling / AFP]

Une fillette bulgare de huit ans est morte dans l'incendie qui a ravagé dans la nuit de mardi à mercredi un important camp de Roms de Bobigny.

"C'était la panique", raconte Ahmed Amedov, présent mercredi matin aux abords de ce bidonville de 500 mètres carrés, installé depuis plusieurs années en plein cœur du chef-lieu de la Seine-Saint-Denis.

Après la mort de la fillette, prénommée Mélissa selon les habitants du camp, "tout le monde est vraiment très triste", ajoute M. Amedov.

Son corps sans vie, qui sera autopsié jeudi, a été retrouvé dans une cabane à l'intérieur du camp par les pompiers. Une enquête a été confiée au service de la police judiciaire de Seine-Saint-Denis, chargé de déterminer les causes de la mort de la fillette.

Le ministre de l'Intérieur Manuel Valls a exprimé sa "grande tristesse" après un drame qui, a-t-il déclaré dans un communiqué, "souligne de manière tragique les risques qui, souvent, pèsent sur la sécurité des populations installées dans les campements illicites".

Le camp de Roms incendié où une fillette bulgare de 8 ans a trouvé la mort à Bobigny, le 12 février 2014 [Julian Colling / AFP]
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Le camp de Roms incendié où une fillette bulgare de 8 ans a trouvé la mort à Bobigny, le 12 février 2014

"Le préfet ne peut plus longtemps occulter la réalité de ce département", a réagi Catherine Peyge, maire PCF de Bobigny, dans un communiqué. "Les maires ne peuvent seuls résoudre cette problématique complexe. C’est une question de dignité pour notre pays", a-t-elle lancé.

La grande majorité des Roms évacués du camp ne savaient pas où passer la nuit de mercredi, après la destruction de leurs cabanons.

L'entourage de la ministre du Logement Cécile Duflot, déplorant ce "drame" auprès de l'AFP, a rappelé les récentes actions du ministère "visant à résorber les bidonvilles" et "donner des moyens aux élus de faire face".

"Nous venons de lancer une mission en partenariat avec l'Adoma, (ex-Société nationale de construction de logements pour les travailleurs - Sonacotra, ndlr), qui possède un parc social avec des logements vacants", a-t-on précisé.

L'incendie, dont l'enquête doit déterminer s'il est d'origine criminelle ou accidentelle, "s'est déclaré dans le camp vers 05H40 et a mené à l'évacuation de 200 personnes", selon la préfecture. Une centaine de pompiers et une trentaine de véhicules ont été mobilisés et le feu a été maîtrisé vers 06H25.

"Mélissa était toute mignonne. C'est très difficile et tellement injuste", dit, très émue, Véronique Decker, directrice de l'école primaire Marie-Curie où sont scolarisés de nombreux Roms. "Comment peut-on continuer à détruire des logements sociaux" dans le cadre de la rénovation urbaine "et laisser une enfant brûler vive?", dénonce-t-elle.

Conditions de vie précaires

La fondation Abbé Pierre soutient pour sa part que la mort de l'enfant n"’est pas un accident malheureux" mais "une conséquence directe d’une situation que nous laissons pourrir au bord de nos cités". Elle demande "une réponse urgente et d’ampleur pour éradiquer ces drames successifs en imposant une solution digne pour les gens et digne pour notre pays".

La Seine-Saint-Denis est l'un des départements français où vivent le plus grand nombre de Roms, souvent dans des conditions très précaires, dans des bidonvilles aux abords d'autoroutes ou sur des terrains vagues. Suite à des décisions de justice, les campements sont régulièrement évacués par la police, notamment pour éviter que de trop grands bidonvilles ne s’installent durablement.

Cette politique a permis, selon la préfecture, de réduire la présence des Roms - des citoyens européens originaires dans leur grande majorité de Roumanie et de Bulgarie où ils sont victimes de discriminations - de 8.000 personnes début 2013 à 3.000 installés dans 46 campements un an plus tard.

Le préfet Philippe Galli, qui s'est rendu sur place dans la nuit, avait décidé de ne plus évacuer ces campements au plus fort de l'hiver, mais ce type d'opération a repris mi-janvier.

Ce bidonville, situé rue des Coquetiers à Bobigny, avait déjà été le théâtre d'un incendie sans victimes en avril.

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