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Les ados candidats au jihad devant la justice

Agnès Dufetel-Cordier l'avocate de l'un des adolescents toulousains candidats au jihad en Syrie, le 30 janvier 2014 face aux journalistes à Toulouse  [Eric Cabanis / AFP] Agnès Dufetel-Cordier l'avocate de l'un des adolescents toulousains candidats au jihad en Syrie, le 30 janvier 2014 face aux journalistes à Toulouse [Eric Cabanis / AFP]

Les deux adolescents toulousains de 15 et 16 ans candidats au jihad en Syrie étaient présentés vendredi à une juge antiterroriste qui pourrait les mettre en examen, une mesure rarissime pour des mineurs.

Pour l'heure, une douzaine de mineurs ont été recensés parmi les personnes parties de France en Syrie combattre Bachar al-Assad. Outre les deux lycéens, Y. et A., revenus le 26 et le 27 janvier en France, la justice enquête sur une Avignonnaise de 15 ans, qui n'a pas rejoint son domicile le 23 janvier. Plusieurs mineurs figurent aussi parmi un groupe de quatre jeunes qui ont quitté leur quartier de Nice fin décembre.

Le parquet compte requérir le placement sous contrôle judiciaire des deux Toulousains qui, outre un certain nombre d'obligations classiques, comportera un volet éducatif.

Au terme de deux jours en garde à vue, leur périple en Syrie via la Turquie, entamé le 6 janvier, risque de leur valoir une mise en examen dans le cadre d'une instruction pour "participation à une association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste". Il ne s'agirait pas d'une première, mais une mise en examen de mineurs dans un dossier de terrorisme est exceptionnelle.

Internet Si l'avocat d'A. n'a pu être joint, cette mesure est jugée excessive par les avocats de Y., Mes Agnès Dufétel-Cordier et Yassine Bouzrou qui mettent en avant le caractère "humanitaire" du voyage que mettrait en avant leur client.

Des gendarmes devant le domicile de l'un des deux adolescents toulousains candidats au jihad en Syrie, le 28 janvier 2014 à Pinsaguel [Eric Cabanis / AFP]
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Des gendarmes devant le domicile de l'un des deux adolescents toulousains candidats au jihad en Syrie, le 28 janvier 2014 à Pinsaguel
 

Une motivation pacifique relativisée par des sources proches du dossier au vu des premiers éléments de l'enquête, comme une photo des deux garçons avec une arme diffusée sur Facebook ou un appel à des proches où l'un des deux évoquait les combattants comme ses "frères". Selon une source proche de l'enquête, le plus âgé des deux n'évoque pas ce caractère "humanitaire".

Les versions des deux garçons ne concordent d'ailleurs pas en tous points, a-t-on ajouté. Les deux expliquent être entrés en Syrie, mais l'un affirme que son compagnon a voulu le dissuader de rentrer quand il en a émis le souhait. Les éléments qu'ils ont fournis aux enquêteurs, notamment sur la zone frontalière où ils se sont rendus, rendent crédibles qu'ils ont effectivement passé la frontière pour se rendre en Syrie comme ils l'affirment.

Un processus d'auto-radicalisation

Pour l'heure, rien ne semble indiquer que ces adolescents aient été acheminés par une filière. Ils seraient plutôt partis par leurs propres moyens. Internet et les réseaux sociaux paraissent avoir grandement contribué à la formation de leur projet.

Les enquêteurs tentent de comprendre leur auto-radicalisation, en analysant les sites qu'ils ont visités, a indiqué une source proche du dossier. Il faudra également vérifier si quelqu'un a pu les renforcer dans leur détermination à partir.

Agnès Dufetel-Cordier l'avocate de l'un des adolescents toulousains candidats au jihad en Syrie, le 30 janvier 2014 face aux journalistes à Toulouse  [Pascal Pavani / AFP]
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Agnès Dufetel-Cordier l'avocate de l'un des adolescents toulousains candidats au jihad en Syrie, le 30 janvier 2014 face aux journalistes à Toulouse
 

Ils entendent également voir comment ils ont pu être approchés et s'ils ont rencontré des "facilitateurs" venus de France, ce "petit groupe de personnes" chargées d'orienter leurs compatriotes une fois arrivés dans la zone frontalière turco-syrienne, a poursuivi une autre source. Des "facilitateurs" qui sont l'objet de l'attention particulière des services français.

Tous deux élèves de seconde générale au lycée des Arènes à Toulouse, les adolescents sont rentrés séparément de Turquie, avec son père pour l'un, un proche pour l'autre. Ils n'ont aucune mention sur leur casier judiciaire. Le plus jeune est présenté comme un élève sans histoire, qui se serait montré "impressionné" lors de son interrogatoire à la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI), affirme son avocate Me Dufétel-Cordier. Le parcours du plus âgé semble plus difficile.

Jamais les services antiterroristes n'ont été confrontés à un tel exode de France de volontaires au jihad, puisqu'ils sont désormais entre 600 et 700 à s'être rendus en Syrie, à en être revenus ou à avoir eu l'intention d'y aller. Parmi eux, quelques femmes. Par comparaison, entre 2001 et 2011, les services français avaient identifié une cinquantaine de combattants venus de l'Hexagone.

Parmi ces candidats au jihad, de jeunes gens inexpérimentés mais aussi des islamistes aguerris, tel Saïd Arif, dont les autorités françaises sont convaincues qu'il fait désormais le coup de feu en Syrie. En fuite depuis qu'il a violé en mai son assignation à résidence en Haute-Loire en mai, il avait été condamné dans un procès de filières tchétchènes.

 

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