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Les Français inégaux face à leurs factures d'eau

Une robinet d'eau  [Philippe Huguen / AFP/Archives] Une robinet d'eau [Philippe Huguen / AFP/Archives]

Les Français ne sont pas égaux en matière de prix de l'eau, avec des écarts considérables d'un département à l'autre, parfois même entre communes voisines, a souligné mardi la Confédération générale du logement (CGL), favorable à un monopole public pour éviter toute "gestion mercantile" de cette ressource.

"L'examen des 6.328 prix recensés dans les départements métropolitains et d'outre mer est édifiant: la disparité et le niveau élevé d'un grand nombre de prix sont devenus la règle, ils entraînent de grandes injustices entre les consommateurs", d'une commune à l'autre y compris au sein d'un même département, souligne l'association de consommateurs, qui dénonce une "jungle" des prix de l'eau.

"Des prix moyens départementaux qui varient du simple au triple, (...) des écarts très importants au sein d'un même département voire entre communes voisines, des prix élevés dans beaucoup d'endroits, une France rurale qui paie son eau plus chère, des grandes villes qui tirent leur épingle du jeu, telle est la situation des prix de l’eau en France", résume-t-elle.

Ainsi, le prix du m3 (assainissement inclus) s'élève à 4,15 euros en moyenne nationale (2,06 euros hors assainissement) mais avec un écart de 1 à 2 entre départements pour les tarifs avec assainissement (5,72 euros en moyenne dans le Tarn, contre 2,92 euros dans la Haute-Vienne), et de 1 à 3 assainissement exclus (3,50 EUR/m3 en Ille-et-Vilaine contre 1,10 dans l'Ariège).

Une tarification nationale loin de faire l'unanimité

Les extrêmes vont de 9,86 euros le m3 (avec assainissement) dans une commune de Seine-et-Marne contre 1,21 euros dans une commune des Pyrénées-Orientales.

Face à cette situation, l'association préconise une tarification nationale de l'eau, qui permettrait de "gérer cette ressource rare dans l'intérêt général, sans logique mercantile". Selon elle, la gestion de l'eau doit "relever d'un monopole public qui seul permettra une mutualisation des coûts et un prix unique de l'eau à l'échelle nationale".

Faut-il un prix national de l'eau? La question est légitime, reconnaît Tristan Mathieu, délégué général de la Fédération professionnelle des entreprises de l'eau (FP2E). Mais "le fait d'avoir des prix de l'eau fixés localement, c'est aussi une forme de responsabilisation des élus locaux et des opérateurs locaux", estime-t-il.

Et "si demain on va vers un prix unique, ça veut dire qu'on ne saura plus vraiment quel est le vrai coût de l'eau localement et ça déresponsabiliserait cet échelon local qui est certainement un des facteurs de compétitivité du prix de l'eau français par rapport aux voisins européens", ajoute-t-il.

"Je pense que le sujet peut être discuté mais on est favorable à une responsabilité locale des élus parce que c'est un des facteurs de la performance française c'est-à-dire une eau de qualité à un coût maîtrisé", poursuit-il en relevant que "les Italiens ont des prix très bas mais ils ont des mauvais rendements de leurs réseaux d'eau".

Il est difficile de savoir exactement ce qu'englobent les chiffres avancés par la CGL, reprend Charlotte Ginsburger, de la Fédération nationale des collectivités concédantes et régies (FNCCR), regroupant près de 500 collectivités locales qui organisent les services publics d'énergie, d'eau et d'environnement.

"L'eau est une ressource locale dont la qualité et donc le coût diffèrent selon les régions, la topographie", explique-t-elle. De même, le coût par abonné sera moindre dans une commune urbaine que dans une commune rurale, relève-t-elle.

Autre piste avancée par la CGL, celle d'un tarif progressif de l'eau. Elle avance ainsi l'exemple de Libourne, qui a adopté en février 2009 une charte de l’eau instituant une tarification sociale et progressive: les premiers 15 m³ consommés et correspondant à un besoin vital sont quasi gratuits, garantissant ainsi l'accès à l'eau à tous les usagers.

La tarification est par la suite progressive: plus on consomme, plus on paye cher. "De cette manière, la municipalité a voulu inciter les usagers à moins consommer pour économiser la ressource", indique la CGL. Depuis la mise en place de ce dispositif, la consommation totale de la ville a diminué de 10%, souligne-t-elle.

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