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Berck : "Pour faire quelque chose de triste, je voulais un endroit triste"

Un bouquet de fleurs déposé par des habitants de Berck-sur-mer en hommage à la jeune fille décédée, le 20 novembre 2013 Un bouquet de fleurs déposé par des habitants de Berck-sur-mer en hommage à la jeune fille décédée, le 20 novembre 2013 [ / AFP/Archives]

La mère d'Adélaïde, la fillette découverte morte noyée à Berck-sur-Mer (Pas-de-Calais), a fait disparaître de manière spectaculaire un enfant qui n'existait pas aux yeux de la loi: elle avait accouché chez elle, sans déclarer la naissance.

Ce paradoxe vient s'ajouter aux interrogations que suscite cette affaire.

Adélaïde n'a jamais été inscrite à l'état civil, a-t-on appris mardi de source proche de l'enquête, confirmant une information de BFM TV. Sa mère avait accouché chez son compagnon à Saint-Mandé, là-même où elle avait été interpellée vendredi soir. L'enfant serait née le 9 août 2012.

Peu après l'arrestation, certains voisins, décrivant une femme discrète, confiaient déjà n'avoir jamais croisé d'enfant en sa compagnie. La fille aîné du compagnon, le père de l'enfant selon la mère, déclarait au journal Le Parisien qu'elle n'en avait appris l'existence que par la médiatisation de l'affaire.

"Si cet enfant n'a pas d'existence légale, sa disparition aurait été plus simple", note Serge Bornstein, expert national en psychiatrie. Dans le même temps, "le côté spectaculaire avec lequel elle a procédé laisse entendre quelque part qu'il y a une culpabilité", ajoute-t-il.

L'enquête s'est rapidement orientée vers la mère, après des prélèvements d'ADN sur la poussette abandonnée.

Cette inexistence légale n'est qu'un élément parmi d'autres, selon l'expert, et ne dit rien sur le psychisme de la mère.

Un autre expert qui a souhaité garder l'anonymat souligne qu'il y a de nombreuses femmes qui ne souhaitent pas d'enfant ou ont des enfants seule, un compagnon absent. Les expertises et l'enquête devront déterminer ce qui l'a poussée à passer à l'acte.

Un expert réclame de la "commisération"

Fabienne Kabou a été mise en examen pour assassinat et écrouée samedi après avoir avoué être venue à Berck pour "mettre fin aux jours" de son enfant, déposée sur la plage à la marée montante, selon les explications données par le parquet de Boulogne-sur-Mer.

Elle a été filmée par des caméras de vidéosurveillance à l'aller et au retour de son voyage entre Paris et Berck, en train, et l'enquête s'était orientée vers la région parisienne, avec diffusion d'une photo dans les transports en commun.

"Elle est dans une logique parallèle à la nôtre", avait expliqué Me Fabienne Roy-Nansion au lendemain du transfèrement de sa cliente à la maison d'arrêt de Sequedin (Nord).

Le parquet a rapporté de son côté que la mère avait avancé des problèmes d'incompatibilité entre la prise en charge de la fillette et sa vie de couple.

Selon son avocate, qui l'a décrite comme une femme qui "s'exprime très bien", "particulièrement intelligente" et "extrêmement cultivée", la mère "s'est exprimée complètement sur son acte" qu'elle estime "indéfendable".

"Je crois qu'elle a euthanasié cette enfant, et qu'en l'euthanasiant, elle s'est euthanasiée aussi", a avancé Me Roy-Nansion.

La mère dit avoir choisi la ville de Berck pour la consonance du toponyme. "Elle dit +pour faire quelque chose de triste je voulais un endroit triste+", a rapporté l'avocate.

L'infanticide par une mère, que la psychiatrie distingue des néonaticides (meurtre d'un nouveau-né) et du déni de grossesse, est souvent lié à une logique de dépression, expliquent plusieurs experts.

Le mystère reste "absolu", selon M. Bornstein. "Il faut beaucoup de commisération, car cela concerne la détresse d'une femme", estime-t-il.

 

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