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Leonarda : "la loi a été parfaitement respectée"

François Hollande le 18 octobre 2013 à Paris [François Mori / Pool/AFP/Archives]

François Hollande a affirmé samedi que l'administration n'avait pas commis de "faute", malgré un "manque de discernement", lors de l'expulsion controversée de Leonarda Dibrani, mais a consenti au retour de la collégienne kosovare, seule, qui a aussitôt refusé.

Le chef de l'Etat s'est exprimé à la mi-journée pour tenter de mettre un terme à l'intense polémique qui agite la France depuis mardi, après la publication des conclusions d'une enquête de l'Inspection générale de l'administration (IGA).

"Il n'y a pas eu de faute, la loi a été parfaitement respectée, mais il y a eu un manque de discernement dans l'exécution de l'opération", l'adolescente ayant été prise en charge par la police en pleine sortie scolaire, a déclaré le président.

"Cette jeune fille, Leonarda, si elle en fait la demande, compte tenu des circonstances, et si elle veut poursuivre sa scolarité en France, un accueil lui sera réservé, et à elle seule", a expliqué François Hollande lors d'une allocution télévisée. Ses parents et ses cinq frères et soeurs, expulsés avec elle au Kosovo les 8 et 9 octobre, ne pourront donc pas revenir en France.

La collégienne rom kosovare Leonarda Dibrani montre ces certificats de langue française, le 16 octobre 2013 à Mitrovica au Kosovo [Armend Nimani / AFP/Archives]
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La collégienne rom kosovare Leonarda Dibrani montre ces certificats de langue française, le 16 octobre 2013 à Mitrovica au Kosovo
 

Au Kosovo, Leonarda a immédiatement réagi: "Je n'irai pas seule en France, je n'abandonnerai pas ma famille". "Je ne suis pas la seule à devoir aller à l'école", a-t-elle dit à l'AFP.

Les conclusions de l'IGA ont été présentées samedi matin au président Hollande et au Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, par le ministre de l'Intérieur, Manuel Valls, vivement critiqué jusque dans son camp pour les conditions d'interpellation de l'adolescente rom kosovare.

Le ministre était rentré précipitamment des Antilles samedi matin pour mettre fin à l'onde de choc provoquée par cette affaire.

"La décision d'éloigner la famille Dibrani est justifiée en droit", affirme l'IGA dans ce rapport commandé mercredi par Manuel Valls.

"Il ressort de tous ces éléments que le refus d'autorisation de séjour (...) et la décision de mise en oeuvre de l'éloignement de la famille Dibrani étaient conformes à la réglementation en vigueur", ajoutent les inspecteurs, qui dépeignent sur une vingtaine de pages un sombre portrait du père de Leonarda.

Toutefois, les conditions d'interpellation de Leonarda, confiée aux forces de l'ordre en pleine sortie scolaire, sont critiquées par l'enquête.

 

"L'école doit être préservée"

"Essentiellement focalisées sur l'objectif de parvenir à regrouper la famille et de ramener la jeune fille auprès de sa mère, l'attention des forces de l'ordre n'a pas été éveillée par le fait que Leonarda Dibrani se trouve dans un bus dans le cadre d'une sortie scolaire", expliquent les auteurs du rapport. "Elles n'ont pas pris la mesure des enjeux que représenterait une intervention pour interrompre cette sortie" et, "en ce sens, elles n'ont pas fait preuve du discernement nécessaire", affirme l'IGA.

Manuel Valls à Pointe-à-Pitre, en Guadeloupe, le 18 octobre 2013 [Miguel Medina / AFP]
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Manuel Valls à Pointe-à-Pitre, en Guadeloupe, le 18 octobre 2013
 

L'inspection générale assure qu'il s'agit d'une situation "exceptionnelle".

"Pour éviter qu'elle se reproduise, les instructions déjà anciennes relatives aux espaces scolaires et aux interventions proches de cet espace mériteraient d'être précisées, de façon à proscrire plus explicitement toute intervention dans les espaces et le temps scolaires et périscolaires", recommande l'IGA.

François Hollande a suivi cette recommandation. "Une instruction sera adressée aux préfets par le ministre de l'Intérieur prohibant toute interpellation d'enfants dans le cadre scolaire, aussi bien dans les établissements que dans les transports, les sorties, ou les centres de loisirs. L'école doit être préservée", a annoncé le chef de l'Etat.

"Ceci est une catastrophe. Nous ne baissons pas les bras. Mes enfants étaient intégrés en France, nous continuons le combat car mes enfants sont ici des étrangers", a réagi le père de Leonarda, Resat Dibrani, auprès de l'AFP au Kosovo après la publication du rapport.

Manifestation de lycéens à Paris, le 18 octobre 2013, contre les expulsions de leurs camarades sans-papiers [Kenzo Tribouillard / AFP]
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Manifestation de lycéens à Paris, le 18 octobre 2013, contre les expulsions de leurs camarades sans-papiers
 

Des milliers de lycéens ont manifesté jeudi et vendredi pour réclamer le retour de la collégienne ainsi que de Khatchik Kachatryan, un élève arménien de 19 ans expulsé il y a une semaine, voire la démission de Manuel Valls. Le coprésident du Parti de gauche, Jean-Luc Mélenchon, qui s'est joint vendredi à la manifestation à Paris, a "exigé" le départ de Manuel Valls.

Une nouvelle manifestation de lycéens est prévue samedi après-midi à Paris.

A en croire un sondage BVA publié samedi par Le Parisien, le ministre le plus populaire du gouvernement ne semble pas pâtir outre mesure de la polémique dans l'opinion. Deux tiers des Français (65%) sont opposés à une éventuelle annulation de l'expulsion de Leonarda et la position de Manuel Valls est approuvée par les trois quarts des sondés (74%).

 

65% des Français opposés au retour de Leonarda

Leonarda refuse de revenir seule en France

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