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UIMM : "les questions comptables étaient secondaires"

L'ancien président de l'UIMM Denis Gautier Sauvagnac au tribunal correctionnel de Paris, le 7 octobre 2013 [Eric Feferberg / AFP] L'ancien président de l'UIMM Denis Gautier Sauvagnac au tribunal correctionnel de Paris, le 7 octobre 2013 [Eric Feferberg / AFP]

L'ancien patron de l'UIMM Denis Gautier-Sauvagnac a expliqué mardi au tribunal correctionnel de Paris qui le juge pour des détournements de fonds présumés que "les questions comptables étaient secondaires" lorsqu'il a pris la direction de la puissante fédération de la métallurgie.

 

"L'UIMM n'est pas une entreprise et elle n'avait pas de problème financier", a déclaré l'ex-vice président et délégué général de l'UIMM en expliquant que "les questions comptables étaient secondaires pour les uns et les autres".

"La préoccupation essentielle des dirigeants, c'était de promouvoir l'environnement social le plus favorable au développement des entreprises dans le respect des salariés", a-t-il fait valoir.

"Alors, quand on a acheté notre immeuble pour 11 millions d'euros, il n'est venu à l'idée de personne de demander d'où sortaient ces 11 millions d'euros. On travaillait en confiance", a ajouté l'ex-homme fort de la fédération patronale.

La justice reproche à Denis Gautier-Sauvagnac d'avoir abusé de la confiance de ses adhérents en utilisant en toute opacité une partie du pactole d'une caisse de solidarité, l'Epim, destinée à apporter un soutien matériel et moral à ses adhérents subissant un conflit social du travail.

Ce compte Epim (entraide professionnelle des industries et des métaux) était alimenté par les adhérents (des grosses entreprises) qui versaient 2 pour 1.000 du montant de leur masse salariale (0,4/1.000 depuis 2001).

"Quand je suis arrivé en 1994, la réserve était d'un peu plus de 200 millions d'euros, elle était de 600 millions d'euros en 2006", a souligné l'ancien patron en soulignant sa bonne gestion des deniers de ses adhérents.

Recruté en 1993 par un chasseur de tête alors qu'il présidait la filiale française d'une banque britannique, Denis Gautier-Sauvagnac, ex-inspecteur des finances, dit avoir été séduit par l'idée de "défendre une cause" en prenant la tête d'une grande organisation professionnelle.

C'est en 1994, après sa nomination comme secrétaire général, qu'il affirme avoir découvert le système comptable particulier de l'UIMM, mis en place par ses prédécesseurs.

Des comptes discrets mais pas secrets

"La comptabilité (officielle, ndlr), c'était ce qu'on faisait des cotisations des adhérents. En ce qui concerne la comptabilité particulière (l'Epim), elle était traitée à part avec discrétion", a-t-il expliqué.

"Mon prédécesseur s'était demandé dans les années 70 si ces comptes devaient être secrets ou non et il avait conclu qu'ils ne devaient pas être secrets mais discrets", a-t-il précisé.

La présidente Agnès Quantin lui a rappelé que "les comptes qui auraient dû être approuvés par le bureau ne l'étaient pas et que l'Assemblée générale ne disposait que d'un rapport oral, sans document écrit, pour se prononcer", ce dont l'ancien patron a convenu.

Me Jean-Yves Le Borgne avocat de Denis Gautier Sauvagnac au tribunal correctionnel de Paris, le 7 octobre 2013  [Eric Feferberg / AFP]
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Me Jean-Yves Le Borgne avocat de Denis Gautier Sauvagnac au tribunal correctionnel de Paris, le 7 octobre 2013
 

L'ancien directeur administratif, Bernard Adam, a confirmé qu'on lui demandait de présenter oralement des comptes qui lui étaient fournis. "J'avais le sentiment d'exercer une fonction d'affichage", a-t-il dit. "Après approbation, les pièces comptables étaient détruites", a-t-il précisé.

L'ex-directeur des affaires extérieures, Alain Noque, a rapporté que lors de son embauche, Denis Gautier-Sauvagnac lui avait expliqué qu'il y avait "des coutumes à l'UIMM comme le paiement de compléments de salaire en liquide qui pouvaient paraitre discutables".

Pour sa défense, l'ancien patron a fait valoir qu'il avait été le premier vice-président de l'UIMM à nommer un expert comptable, à supprimer le paiement en espèces de quantité de services, serveurs, frais de bouche, frais de mission...et à supprimer enfin les compléments de salaires en liquide.

Il a également assuré ne pas avoir connu le détail des quatre comptes Epim, n'avoir jamais rencontré les banquiers et n'avoir jamais demandé à la chef comptable, Dominique Renaud, de détruire des pièces comptables. "Cela se faisait avant, j'ai laissé faire mais je n'ai donné aucune instruction", a-t-il plaidé.

Quant aux importants retraits en liquide dénoncés par l'un des banquiers à Tracfin, la cellule antiblanchiment de Bercy, Denis Gautier-Sauvagnac affirme que ces banques lui avaient assuré qu'il n'y aurait aucun problème avec la commission bancaire.

"Je me suis donc senti en toute bonne foi et rien ne m'a alerté sur le caractère particulier de ces opérations", a-t-il dit.

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