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Au moins 1 Français lynché à Madagascar

Des villageois prennent en chasse des tueurs de bétai le 4 septembre 2012 à Anosy dans le sud de Madagascar [Andreea Campeanu / AFP/Archives] Des villageois prennent en chasse des tueurs de bétai le 4 septembre 2012 à Anosy dans le sud de Madagascar [Andreea Campeanu / AFP/Archives]

Deux Européens, identifiés comme des Français par la gendarmerie, ont été tués jeudi matin par une foule d'émeutiers qui a brûlé leurs corps, sur l'île touristique malgache de Nosy Be, théâtre de violences depuis la veille à la suite du meurtre d'un enfant de 8 ans.

"Les deux étrangers sont des Français, nommés Sébastien et Roberto, ils ont avoué sous la torture (des émeutiers) avoir commis des trafics d'organes" et ont été tués par la foule, a déclaré à l'AFP l'adjoint du commandant de la gendarmerie nationale, le général Guy Bobin Randriamaro.

Selon d'autres sources sur place, l'une des deux victimes serait de nationalité italienne, mais la gendarmerie, interrogée sur cette possibilité, a confirmé qu'il s'agissait de Français.

Selon le commissaire de police de Nosy Be Hell-Ville, Honoya Tilahizandry, "les deux Européens ont été tués et brûlés sur le plage d'Ambatoloaka".

Carte de localisation de Madagascar où 2 Français soupçonnés de trafic d'organes ont été tués par des émeutiers  [pp / AFP]
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Carte de localisation de Madagascar où 2 Français soupçonnés de trafic d'organes ont été tués par des émeutiers
[pp / AFP]
 

Le consulat de France à Madagascar a déconseillé à ses ressortissants tout déplacement à Nosy Be "jusqu'à nouvel ordre, tout particulièrement sur les plages".

Selon le site d'information malgache en ligne orange.mg, un témoin a cependant affirmé que la foule avait ciblé les deux hommes car elle les soupçonnait d'avoir commandité l'enlèvement de l'enfant, mais n'a montré aucune agressivité contre les autres étrangers présents sur place.

Les émeutes ont commencé mercredi à la suite de la disparition d'un garçon de 8 ans. Convaincue que son ravisseur était détenu à la gendarmerie de Hell-Ville, la capitale de l'île, une foule en colère s'est regroupée pour réclamer sa tête.

Les gendarmes se sont défendus, affirmant avoir tiré en l'air pour disperser la foule, mais au moins une personne a été tuée et deux autres blessées.

Jeudi matin, "le corps sans vie du garçon de 8 ans, disparu vendredi, a été retrouvé", sans ses organes génitaux, et sans sa langue, a affirmé l'adjoint du commandant de la gendarmerie.

"Puis, les émeutiers ont soupçonné deux vazahas (ndlr: les étrangers européens en langue malgache) d'être les auteurs de ce meurtre et de se livrer au trafic d'organes dans la ville de Nosy-Be Hell-Ville."

La gendarmerie n'a pas clarifié la nature des soupçons, et n'a pas indiqué si le "trafic d'organes" était lié à un trafic à but médical ou à des pratiques locales de sorcellerie.

La foule s'en est pris par ailleurs aux maisons des gendarmes, dont "huit ont été déjà incendiées par les émeutiers", selon le général de gendarmerie.

Les lynchages publics ne sont pas rares à Madagascar, où des voleurs présumés ou des conducteurs impliqués dans des accidents mortels ont récemment été lynchés et brûlés vifs. Les foules n'hésitent pas non plus à attaquer les commissariats ou gendarmeries pour essayer d'en extraire les criminels présumés et les lyncher.

Trois Français ont été tués ces deux dernières années à Madagascar. Une religieuse, soeur Emmanuelle Helesbeux, 82 ans, a été retrouvée étranglée le 2 mars 2013 sur un marché à zébus à Mandritsara, dans le nord-est de Madagascar.

Son assassinat, par un de ses anciens employés qui lui devait de l'argent, avait provoqué plusieurs jours d'émeutes, la foule cherchant à extraire de prison les trois meurtriers pour les lyncher.

Un couple de Français, Gérald Fontaine et Johanna Delahaye, a été assassiné après s'être rendu le 12 avril 2012 sur une plage peu fréquentée et réputée dangereuse, à une dizaine de kilomètres de Tuléar, dans le sud de la grande Ile. Leurs corps avaient été découverts quelques jours plus tard, portant des traces de coups.

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