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Touraine exclut le déremboursement des lunettes

Une boutique d'opticien à Paris [Stephane de Sakutin / AFP/Archives]

L'assurance maladie continuera à rembourser les lunettes, a affirmé mardi la ministre des Affaires sociales Marisol Touraine, coupant court immédiatement à la suggestion de la Cour des comptes de remettre en cause la prise en charge de ce secteur "opaque".

 

"Il n’y aura pas de déremboursement" des lunettes, a déclaré la ministre dans une interview au site internet du quotidien Ouest France, ajoutant avoir engagé "un processus", qui viendra à son terme "prochainement" pour voir comment "faire baisser les prix de certains produits" d'optique.

Selon elle, "on s'aperçoit qu'il y a des marges importantes sur l'optique, des différences assez étonnantes et qu’on est en droit de questionner…. Il s’agit d’engager la concertation et le dialogue pour faire en sorte de peser sur les prix en particulier des lunettes".

Dans son rapport publié mardi, la Cour des comptes suggère de réfléchir à ce que l'assurance maladie se retire de l'optique, déjà peu remboursé, à hauteur de 200 millions d'euros, et largement pris en charge par les complémentaires santé, pour 3,7 milliards.

Le remboursement de la Sécurité sociale est "devenu extrêmement dérisoire" et "c'est un constat d'échec que nous faisons" dans un marché "qui a explosé, qui est peu transparent et peu concurrentiel", a déclaré à la presse le premier président de la Cour Didier Migaud.

"Nous appelons à une meilleure régulation du marché dans l'intérêt des patients", a-t-il ajouté, évoquant une "dérive" du secteur.

Ces remarques sont contenues dans le rapport sur la situation générale de la Sécurité sociale que publie chaque année la Cour, accompagné de propositions pour faire des économies.

Si "de premiers résultats" ont été obtenus pour réduire le "trou de la Sécu" en 2011 puis 2012, le redressement des comptes sociaux connaîtra un "véritable coup d'arrêt" en 2013, note l'institution.

 

Gisements d'économies considérables

Marisol Touraine le 11 septembre 2013 à l'Elysée [Patrick Kovarik / AFP/Archives]
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Marisol Touraine le 11 septembre 2013 à l'Elysée
 

M. Migaud a estimé que "l'interruption du mouvement de réduction du déficit est préoccupante même si elle résulte largement de l'atonie de la croissance".

Cette année, le déficit du régime général de la Sécu (salariés du privé) devrait ainsi s'élever à 14,3 milliards d'euros, hors Fonds de solidarité vieillesse.

Ces comptes vont être ajustés le 26 septembre, lors de la présentation du budget de la Sécu 2014 par le gouvernement, qui s'est engagé à limiter son déficit public à 3,6% du PIB fin 2014.

Plus généralement, la Cour s'inquiète d'une "spirale" de la dette sociale "anormale et particulièrement dangereuse", dont l'encours global "devrait passer de 147 milliards d'euros à 159 milliards d'euros entre 2011 et 2013", selon M. Migaud.

Il a fait valoir que dans la zone euro "seules la Grèce et l'Espagne" ont connu en 2012 un déficit supérieur des administrations sociales.

"Résorber le déficit de la Sécurité sociale doit constituer une priorité majeure", relève la Cour dans son rapport et c'est "essentiellement en pesant sur la dépense que la trajectoire de retour à l'équilibre doit se poursuivre et s'accélérer".

Gisements d'économies considérables

Pour Didier Migaud, il existe "des gisements d'économies considérables" dans l'assurance maladie, dont le déficit devrait atteindre près de 8 milliards en 2013, "sans compromettre, bien au contraire, la qualité des soins ni l'égalité d'accès au système de santé".

La progression des dépenses de santé remboursées par l'assurance maladie, fixée chaque année par l'Ondam (objectif national des dépenses de l'assurance maladie), doit être limitée à 2,4% en 2014 (au lieu de 2,6% prévu) puis 2,3% en 2015 et 2016, selon la Cour.

En 2012, ces dépenses se sont élevées à 170,3 milliards d'euros.

Cinq chapitres sont en outre consacrés aux hôpitaux, privés ou publics, en particulier au développement de la chirurgie ambulatoire (actes chirurgicaux pratiqués à l'hôpital permettant la sortie le jour même du patient).

 
 

Des efforts peuvent également être réalisés sur les dépenses liées à la biologie médicale, dont le coût représente six milliards d'euros pour l'assurance maladie.

La récente réorganisation des laboratoires "est encore bien trop timide pour faire baisser les coûts", relève la Cour. L'objectif est d'agir à la fois sur la tarification des actes et sur leur nombre afin d'économiser "de l'ordre de 500 millions d'euros".

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