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Prévention pour endiguer le suicide des personnes âgées

Les mains d'une personne âgée [Damien Meyer / AFP/Archives] Les mains d'une personne âgée [Damien Meyer / AFP/Archives]

Le suicide des personnes âgées - un phénomène encore largement tabou -, peut être combattu, veut croire le gouvernement, qui va déployer auprès des structures d'aide à domicile un outil visant à détecter les premiers signes de dépression.

Peu médiatisés, les suicides chez les plus de 65 ans n'en demeurent pas moins fréquents. Alors que cette tranche d'âge compte pour 20% de la population totale, ils représentent 30% des suicides.

En 2010 en France, environ 3.000 suicides de personnes âgées ont été enregistrés sur un total d'environ 10.000. Et les plus de 85 ans seraient même quatre fois plus nombreux à se suicider que la moyenne de la population.

"Contrairement aux adolescents, les plus âgés font rarement de simples tentatives. Ils choisissent des scénarios violents afin de réussir leur geste", indique Marie-Claude Frénisy, psychologue clinicienne à Dijon, qui forme à la prévention du suicide des personnes âgées.

Dans 70% des cas, ces suicides ont lieu à domicile, chez des personnes en situation d'isolement.

Un constat qui conduit le gouvernement à généraliser jeudi, au sein des structures d'aide à domicile, une mallette baptisée "Mobiqual", devant permettre aux intervenants de détecter les premiers signes de dépression.

"On va donner les moyens aux intervenants à domicile, grâce à des clignotants simples, de comprendre les réactions des personnes âgées", se félicite Rémi Mangin, de l'Una, un des réseaux de service à domicile partie prenante. "Par exemple, une fiche alerte sur le regard de la personne âgée: semble-t-il triste ? S'anime-t-il moins souvent que d'habitude ?". Si des signes de dépression sont manifestes, les intervenants seront alors en mesure d'"alerter les professionnels compétents".

Perte d'appétit

Prévenir les risques est une clé pour endiguer le phénomène, confirme Marie-Claude Frénisy.

La solitude, le deuil, les difficultés financières, la perte d'autonomie, une maladie invalidante, l'entrée dans une maison de retraite sont autant de situations pouvant conduire à la dépression chez une personne âgée, explique-t-elle.

"Et dans huit cas sur dix avant un passage à l'acte, la personne aura consulté son médecin généraliste pour se plaindre de fatigue ou de divers maux", ajoute-t-elle. Encore faut-il savoir lire le message.

Certains signaux sont clairement précurseurs : "Ce qui peut alerter par exemple, c'est un soudain repli sur soi, un changement de comportement, une perte d'appétit", poursuit la psychologue.

"Parfois, il faut aussi savoir interpréter des présages plus indirects comme un regain d'enthousiasme, qui peut en fait signifier que la personne a pris sa décision et sait qu'elle ne va bientôt plus souffrir", ajoute-t-elle.

L'important étant de pouvoir in fine parler de cette souffrance : "si on parle de la dépression, on va pouvoir la traiter", souligne-t-elle.

Une femme âgée [Eric Cabanis / AFP/Archives]
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Une femme âgée
 

"La dépression se soigne, tant chez les (personnes) âgées que chez les plus jeunes", assure aussi la ministre en charge du sujet, Michèle Delaunay.

Stéphane, bénévole de 52 ans au sein de l'association Astrée, qui soutient des personnes en souffrance, peut en témoigner. Depuis plus de trois ans, il rend visite à Paulette, 83 ans, "au début toutes les semaines, maintenant tous les mois et demi".

"Quand je l'ai connue, elle sortait de deux deuils très difficiles et on venait de lui diagnostiquer un cancer du sein", raconte-t-il. "Durant nos premiers rendez-vous, elle pleurait continuellement". A l'époque, elle lui confie à plusieurs reprises "l'envie de mettre fin à ses jours".

Tout de suite, Stéphane lui a apporté "de l'écoute" et "la confiance s'est installée". "J'ai pu lui redonner le goût de sortir, maintenant elle participe à des actions de bénévolat à la mairie", se félicite-t-il.

Entre eux, une relation amicale s'est instaurée. "Maintenant elle me reçoit comme si j'étais son fils", indique le bénévole, qui assure s'être lui-même "enrichi" de cette rencontre.

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