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La tour Eiffel, paradis des pickpocket

Une voiture de police le 16 août 2011 au pied de la Tour Eiffel [Pierre Verdy / AFP/Archives] Une voiture de police le 16 août 2011 au pied de la Tour Eiffel [Pierre Verdy / AFP/Archives]

Sur le site de la tour Eiffel visité par 7 millions de touristes par an, voleurs, et policiers désormais plus présents, jouent au jeu du chat et la souris sur le terrain lucratif de l'arnaque et du pickpocket.

Chemises colorées, lunettes à la mode, appareil photo autour du cou: deux hommes achètent sandwiches et boissons au pied de la tour comme n'importe quels touristes. "Ce sont des pickpockets déguisés en touristes", assure un policier de la BAC du commissariat du VIIe arrondissement de Paris qui arpente chaque jour parvis et étages du monument pour traquer les voleurs à la tire.

Ils frappent dans les files d'attente, profitant des bousculades pour faire les poches, surtout des touristes chinois réputés porter d'importantes liasses de billets sur eux.

Et les voleurs dépensent sans compter pour faire une bonne journée : "Ils paient le billet d'entrée, achètent de la nourriture sur place et prennent même le taxi pour prendre la fuite", explique le policier. Un équipage a cueilli une fois une équipe avec un butin hors-norme: 10.000 euros raflés en une prise.

File d'attente de touristes le 26 mars 2012 au pied de la Tour Eiffel [Fred Dufour / AFP/Archives]
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File d'attente de touristes le 26 mars 2012 au pied de la Tour Eiffel
 

"C'est leur métier, ils volent toute la journée. Nous constatons une professionnalisation de ces équipes de pickpockets", affirme Damien Vallot, commissaire du VIIe, dont dépend la Tour Eiffel, soulignant que "le phénomène a accompagné l'explosion de la fréquentation chinoise et moyen-orientale".

Ces "pros" souvent venus d'Europe centrale et d'Amérique du Sud écument les sites touristiques de capitale en capitale, de Rome à Madrid. "Attentifs et réactifs, ils bougent d'endroit dès qu'ils jugent la police trop présente", précise le commissaire.

Mais ces voleurs en série ne sont pas seuls à profiter de la manne de la Dame de Fer. Dès 9H00, organisateurs de bonneteau et fausses pétitionnaires battent également le pavé entre le Trocadéro et le Champ-de-Mars, en quête de touristes crédules.

Jusqu'aux toilettes

 

Des policiers le 7 juillet 2009 au pied de la Tour Eiffel [Emilien Cancet / AFP/Archives]
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Des policiers le 7 juillet 2009 au pied de la Tour Eiffel
 

"Do you speak English? Just sign!": des grappes de jeunes filles originaires d'Europe de l'Est quadrillent le parvis de la Tour Eiffel, poursuivant les touristes jusqu'aux toilettes pour leur faire signer de fausses pétitions au profit de la lutte contre la faim dans le monde. "Ils me donnent 1, 2 euros c'est comme ils veulent. Je fais ça pour mes enfants", raconte une Roumaine de 24 ans se faisant appeler Babouchka et qui dit empocher 30 euros par jour. Mais les gains peuvent atteindre 100 euros selon la police.

La recrudescence des agressions et des vols ciblant les touristes a déclenché une grève des agents du Louvre en avril, et suscité l'inquiétude à l'étranger et dans les milieux du luxe, obligeant les autorités à riposter.

Depuis, 200 policiers - en tenue et en civil, à pied et à VTT - sont déployés chaque jour dans les transports et les sites emblématiques de la capitale (Notre-Dame, Louvre, Opéra, Montmartre, Champs-Elysées), y compris dans les étages de la Tour Eiffel ce qui n'était pas le cas il y a encore quelques mois.

"Le message que l'on veut envoyer à ces délinquants, c'est: +Vous ne serez tranquilles nulle part, on va vous traquer partout+", martèle Jean-Bernard Bros, président de la société d’exploitation de la tour Eiffel et adjoint au maire de Paris en charge du tourisme, assurant que "les résultats sont déjà là" à la Tour Eiffel comme au Louvre. Le plus grand musée du monde a fait état d'une baisse de 75% des vols en mai par rapport à avril.

Dans la foulée, la préfecture de police a annoncé plusieurs mesures pour renforcer la sécurité des 30 millions de touristes accueillis à Paris chaque année: collaboration étroite avec le secteur du tourisme et les ambassades, plaintes en 16 langues facilitées, guide "Paris en toute sécurité"...

"Je n'ai pas peur mais je suis prudente. En fait, je me promène avec moins d'argent, seulement 100 euros pour la journée", confie Rachel Lee, 20 ans, de Hong Kong, qui attend de monter à la Tour Eiffel, la main tenant son sac.

 

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