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Les prisons sous pression

Mobilisation des surveillants pénitentiaires devant la prison de Corbas. [PHILIPPE DESMAZES / AFP]

Face à une situation explosive, les acteurs du monde carcéral réclament des mesures d’urgence pour apaiser les esprits.

La tension monte derrière les barreaux. Quelque 4 000 surveillants pénitentiaires ont organisé hier matin une opération prison morte devant leurs établissements dans toute la France pour exprimer leur «ras-le-bol» devant la «déroute» de la politique carcérale.

Dans le Nord, la quasi totalité des établissements étaient bloqués hier matin, tandis qu’une trentaine de surveillants étaient rassemblés devant les entrées de la maison d’arrêt de Sequedin, théâtre en avril d’une spectaculaire évasion à l’explosif de Redoine Faïd. Dans d’autres centres, les parloirs étaient maintenus, mais retardés.

Le malaise est tel que les directeurs des services d’insertion et de probation chargés d’accompagner les détenus pendant leur détention se sont également mobilisés hier. Fin mai, déjà, les directeurs d’une trentaine de prisons avaient manifesté leur ras-le-bol.

 

Une surpopulation inquiétante

Au cœur du problème, le nombre de détenus en hausse continue. Un nouveau record vient d’être battu avec 67 977 prisonniers au 1er juin pour seulement 57 325 places, soit un taux d’occupation de 118,5 % selon les statistiques de l’administration pénitentiaire. Une asphyxie dont les détenus et les agents paient les conséquences.

«Aujourd’hui, faute d’espace, des milliers de détenus s’entassent à trois ou quatre, voire dorment sur des matelas à même le sol dans des cellules de 9 m². Résultat, les conditions de détention sont indignes et on exacerbe le sentiment de haine contre l’Etat et ses représentants», s’alarme ainsi David Daems, secrétaire national de FO-Pénitentiaire.

Agressions d’agents, tentatives d’évasion… les violences se multiplient.

 

La fin du tout-carcéral

Pour désengorger les prisons, la ministre de la Justice, Christiane Taubira, a sa solution : en finir avec le tout-carcéral. Elle appelle à trouver une alternative aux peines d’enfermement (travail d’intérêt général, semi-liberté, bracelets électroniques, sursis avec obligation de soins) et à faire de l’incarcération un ultime recours.

Face à l’insécurité grandissante, la ministre a débloqué en juin un plan de sécurisation des prisons «exceptionnel» de 33 millions d’euros. Il prévoit notamment l’installation de portiques de sécurité dans 19 établissements (sur les 192 de France). Un projet qui n’a pas convaincu les syndicats pour l’instant. «Nous attendons une réponse spectaculaire à la hauteur de l’urgence», estime David Daems de FO-Pénitentiaire.

Les syndicats réclament l’embauche de 1 300 agents pour remédier au manque de personnel. Aujourd’hui, on compte environ 130 détenus par étage pour un surveillant. 

Autre revendication, le retour des fouilles systématiques au sortir des parloirs, interdites depuis une loi de 2009. Des mesures que les agents réclameront dès lundi, lors d’une nouvelle journée d’action.

 

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