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Manifestation contre le mariage gay : l'UMP prise en étau

Le président de l'UMP Jean-François Copé participe le 24 mars 2013 à Paris à la manifestation contre le mariage homosexuel [Thomas Samson / AFP/Archives] Le président de l'UMP Jean-François Copé participe le 24 mars 2013 à Paris à la manifestation contre le mariage homosexuel [Thomas Samson / AFP/Archives]

L'UMP se retrouve, dans le dossier du mariage homosexuel, prise en étau entre son envie d'en découdre avec un gouvernement qu'elle accuse d'"irresponsabilité", et la crainte de débordements.

Alors que le projet de loi, de retour dans l'hémicycle de l'Assemblée mercredi, pourrait être définitivement adopté le 23 avril, les ténors du principal parti d'opposition, Jean-François Copé et François Fillon en tête, s'accordent sur trois points: "condamnation" des débordements, demande de "suspension" du projet de loi controversé, et imputation au gouvernement des violences, en raison de son "mépris" des manifestants.

"Je condamne de façon extrêmement claire les dérives et les violences", a affirmé M. Copé. "C'est extrêmement préoccupant" mais en même temps, "le président de la République est tellement fermé à toute discussion, à toute souplesse, qu'on ne s'en sort pas", a-t-il ajouté, en appelant à la suspension du texte, à ses yeux "la seule solution".

François Fillon, qui n'a participé à aucune des deux grandes manifestations contre le mariage gay des 13 janvier et 24 mars derniers, contrairement au président de l'UMP, estime de son côté que l'accélération du calendrier du mariage gay est une décision "stupide", qui va "encore radicaliser" le débat. Dès le 10 janvier, il avait appelé François Hollande à "ne pas passer en force" sur le mariage homosexuel.

L'ancien Premier ministre François Fillon visite une imprimerie le 1er mars 2013 à Drulingen, dans l'est de la France [Frederick Florin / AFP/Archives]
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L'ancien Premier ministre François Fillon visite une imprimerie le 1er mars 2013 à Drulingen, dans l'est de la France
 

Les élus UMP sont quasiment tous sur la même ligne, à part les rares à avoir voté le texte à l'Assemblée (Benoist Apparu et Franck Riester) ou à s'être abstenus (Nathalie Kosciusko-Morizet ou Pierre Lellouche). "La radicalisation du mouvement est un problème. Certains ne se reconnaissent plus dans la façon dont le mouvement dégénère. Mais le premier responsable, c'est le président de la République", a affirmé à l'AFP Jérôme Chartier, le filloniste député du Val d'Oise.

"Nous avions demandé un débat national, qui aurait été organisé par l'Etat dans chaque grande ville, sous la responsabilité du maire. Sans préjuger du résultat, au moins le débat aurait eu lieu", regrette M. Chartier.

Pour Laurent Wauquiez, vice-président de l'UMP, qui était partisan du référendum sur cette question, "le gouvernement joue le pourrissement. Hollande devrait dire clairement qu'il est contre la PMA et GPA, ça calmerait les choses", croit-il. L'exécutif a repoussé à plus tard le sujet de la procréation médicalement assistée et toujours exclu d'autoriser la gestation pour autrui. Seule l'adoption des enfants par les couples homosexuels a été actée dans le projet de loi.

Des hommes manifestant contre le mariage homosexuel bloquent l'avenue de Rivoli à Paris le 15 avril 2013 [Kenzo Tribouillard / AFP]
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Des hommes manifestant contre le mariage homosexuel bloquent l'avenue de Rivoli à Paris le 15 avril 2013
 

Unanimité donc dans la "condamnation" du gouvernement à "s'entêter" en dépit de "la colère populaire". En revanche, tous à l'UMP ne voient pas l'utilité de manifester, en raison des risques de débordements. Mais en général, les copéistes, qui observent que les débordements restent "rares", sont plus déterminés à poursuivre les manifestations que les fillonistes. "Nous préparons la manifestation du 26 mai, qui sera très grosse", affirme-t-on dans l'entourage de M. Copé.

Personne en revanche ne s'associe à ce stade aux manifestations programmées plus tôt, comme celle de dimanche prochain. "Je n'ai pas encore décidé si je participerai le 21 avril. Il y a des actes excessifs qui desservent notre cause et que je condamne", affirme Laurent Wauquiez.

"On ne sait pas comment ça peut se terminer. Il y a des groupuscules d'extrême droite. Il y en a même qui priaient devant l'Assemblée", s'inquiète-t-on dans l'entourage de M. Fillon. "On freine des quatre fers pour que personne n'appelle à manifester. Ca peut aller trop loin", ajoute un autre de ses proches.

Le jeune député Guillaume Larrivé est moins inquiet - "contrairement à ce qu'a dit ce (mardi) matin Manuel Valls, personne ne pense à déstabiliser la République", assure-t-il-, tandis que Henri Guaino, qui a vivement combattu le texte à l'Assemblée en première lecture, s'exclame : "On ne va quand même pas baisser les bras par peur de quelques extrémistes!".

Franck Riester, de son côté, juge "urgent" le retour au calme "chez les partisans comme chez les opposants". Et met en garde: "il ne faut pas donner trop d'importance à ceux qui tiennent des propos extrêmes, comme ceux parlant du risque de +guerre civile+. Nous ne devons pas entrer dans la spirale de l'escalade voulue par les extrémistes".

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