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Marseille : accueil mitigé pour les renforts de police

Des policiers contrôlent les garages au sous-sol d'un immeuble de la cité Air-Bel, le 15 mars 2013, à Marseille [Boris Horvat / AFP] Des policiers contrôlent les garages au sous-sol d'un immeuble de la cité Air-Bel, le 15 mars 2013, à Marseille [Boris Horvat / AFP]

"C'est du cinéma! Il faudrait venir la nuit, c'est là qu'on est en danger, que les dealers viennent!", lance une habitante du quartier Air-Bel à Marseille, cadre vendredi d'une opération des forces de l'ordre après l'envoi de renforts.

Dès 11H00, sous un mistral glacial, gendarmes et CRS procèdent à des contrôles aux abords des trois entrées de la cité. Aucune distinction entre les habitants, "ma grand-mère de 80 ans a eu un contrôle d'identité", ironise Alexia.

"Cela me fait rigoler de les voir, comme ça en pleine journée. Les dealers dorment à cette heure-là", ajoute son amie.

Du haut des tours défraîchies, le voisinage assiste par la fenêtre au remue-ménage provoqué par les camions et motos de la police venus en nombre.

La cité HLM du 11e arrondissement, construite dans les années 60 et qui comprend plus de 50 bâtiments, est "une prison à ciel ouvert", estime un habitant. L'endroit a été le théâtre en mars 2012 d'un règlement de comptes, sur fond de trafic de stupéfiants: deux personnes tuées par balles dans un local associatif.

Envoyés par le ministre Manuel Valls après un règlement de comptes mercredi dans une autre cité, les quelque 300 renforts de police et gendarmerie ont été déployés dans Air-Bel dès jeudi. "Une opération qui a abouti à 8 interpellations et la saisie de 1,8 kilo de résine de cannabis", souligne Pierre-Marie Bourniquel, directeur départemental de la sécurité publique (DDSP).

L'opération s'est poursuivie vendredi matin, suivie par une quinzaine de journalistes.

Selon M. Bourniquel, des opérations de nuit sont aussi prévues, et "ce (vendredi) soir des camions de CRS seront postés aux abords de la cité". "Nous agissons de jour comme de nuit, aucune cité n'est interdite", insiste-t-il.

Contrôle de police à Marseille, dans un garage au sous-sol d'un immeuble de cité, le 15 mars 2013 [Boris Horvat / AFP]
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Contrôle de police à Marseille, dans un garage au sous-sol d'un immeuble de cité, le 15 mars 2013
 

A la tombée de la nuit, "il y a beaucoup de dérapages de voitures, ils (les trafiquants) mettent le feu aux voitures, ils volent les habitants, ils se volent entre eux", décrit une jeune habitante, tandis que les camions de la fourrière s'activent pour débarrasser les carcasses de voiture.

Un peu plus loin, au pied d'une tour, un voisin raconte "s’être fait cambrioler. Ici, la nuit c'est terrible, ils sont alcoolisés, sous le contrôle de la drogue et font n'importe quoi. Il n'y a pas un jour où quelqu'un ne se fait pas cambrioler". Face au regard insistant d'un homme qui a suivi la conversation, le voisin met fin à l'interview.

En plus des contrôles, la police procède à des fouilles dans les coffres de voitures et dans les boxes.

"Je trouve ça bien que la police soit là, je me sens rassurée, mais il faudrait qu'il vienne plus souvent", se réjouit une mère de famille qui assiste à l'opération en attendant de récupérer son enfant à l'école non loin de là.

"Ici règne l'omerta"

ancées en décembre 2012, les actions dans les zones de sécurité prioritaires définies par le gouvernement se succèdent à Marseille, en plusieurs phases: répression, dissuasion, amélioration du cadre de vie et enfin, retour des acteurs sociaux, explique le préfet de police Jean-Paul Bonnetain.

Mais avant tout, le préfet veut "regagner la confiance des Marseillais" et les invite à "collaborer avec la police". Dans ce sens, un mémo sera affiché dans les commissariats et locaux associatifs, détaillant les "dispositions destinées à préserver l'anonymat des témoignages".

 
 

"Personne ne parle, ici règne l'omerta. On a peur des représailles. On vit tous ensemble, tout le monde se connaît, personne n'ose parler", déclare Fatoumata qui a emménagé il y a un an.

Patricia, 18 ans, va dans son sens: "Quand on veut aller voir la police, on a toujours des menaces par derrière. Si tu vas voir la police, on va te faire du mal. Tu es une balance, donc forcément il n'y a personne qui porte plainte".

Le préfet de police inscrit l'opération d'Air-Bel dans la durée: "Nous resterons un mois et nous reviendrons également plus tard voir les avancées".

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