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Combien coûte un accident nucléaire ?

Le réacteur d'une centrale nucléaire [Eric Cabanis / AFP/Archives] Le réacteur d'une centrale nucléaire [Eric Cabanis / AFP/Archives]

L'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) chiffrait jusqu'à 5.800 milliards d'euros le coût d'un accident nucléaire majeur en France dans un rapport de 2007 publié par le JDD, mais ces estimations ne sont plus aujourd'hui aussi élevées, a précisé l'auteur du rapport à l'AFP.

Selon ce rapport confidentiel cité par le Journal du dimanche (JDD), le coût d'un accident majeur pourrait aller de 760 milliards d'euros pour un "cas de base" à 5.800 milliards d'euros, soit l'équivalent de trois années de PIB, dans le cas d'une situation particulièrement catastrophique.

Mais, interrogé par l'AFP, l'économiste Patrick Momal, auteur du rapport qui n'a jamais été publié, a indiqué qu'il s'agissait de "vieux chiffres rudimentaires".

"Nous avions à l'époque utilisé un code rudimentaire ne prévoyant qu'une seule météo, celle prévalant au site de l'accident" a-t-il précisé, ajoutant qu'une nouvelle étude avait été réalisée depuis, avec un code plus élaboré.

Dans cette nouvelle étude rendue publique il y a un mois, l'IRSN avait évalué le coût d'un accident nucléaire similaire à celui survenu en mars 2011 à Fukushima à environ 430 milliards d'euros. Il s'agissait d'un "cas médian" pour un accident nucléaire majeur avec des rejets radioactifs, a précisé M. Momal, avec une fourchette allant de 250 milliards à 1.000 milliards d'euros au maximum pour le scénario le plus grave.

Dans le rapport confidentiel réalisé en 2007 et dont le JDD affirme s'être procuré une copie, le coût maximum d'une catastrophe nucléaire en France, incluant les pertes économiques mais aussi les coûts environnementaux et les dépenses de santé, était évalué à 5.800 milliards d'euros.

Il s'agissait, selon le JDD, du pire des scénarios possibles, dans lequel 5 millions de personnes devaient être évacuées, tandis que les répercussions économiques se faisaient sentir sur une zone de 850.000 km2, abritant 90 millions de personnes au total.

Le rapport reconnaissait également, selon le JDD, que l'ampleur de la contamination, et donc son coût, pourraient varier fortement en fonction des conditions météorologiques, des vents dirigés vers les zones habitées constituant le pire des scénarios.

Or "la météo extrême prévue dans l'étude de 2007 n'est pas réaliste", a précisé M. Momal pour expliquer les raisons de la revue à la baisse des estimations de l'IRNS.

Europe-Ecologie-Les Verts a réagi à l'article du JDD en réclamant "un audit complémentaire indépendant et pluraliste".

De son côté, Greenpeace a demandé à la ministre de l'Ecologie, Delphine Batho, de publier immédiatement l'intégralité du rapport "afin de le verser au débat en cours sur la transition énergétique".

"Il est irresponsable de cacher une telle situation aux Français qui auraient à payer les conséquences d'un accident grave pendant des décennies", ajoute Greenpeace dans un communiqué.

Le ministère de l'Ecologie est "favorable à la transparence la plus large car elle est un élément fondamental de la sûreté nucléaire", a réagi le cabinet de Mme Batho auprès de l'AFP.

"L'IRSN a d'ores et déjà indiqué que ces travaux de recherche qui dataient de 2007 et leur actualisation récente seraient rendus publics," a précisé le ministère.

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