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Les pilules de l’angoisse

Pilules contraceptives Pilules contraceptives[MYCHELE DANIAU / AFP]

Voilà qui ne va pas rassurer les millions de femmes déjà inquiètes après les polémiques sur les pilules de troisième et quatrième générations.

L’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) a confirmé hier qu’un traitement contre l’acné parfois utilisé comme contraceptif était à l’origine d’au moins quatre décès depuis sa mise sur le marché, en 1987.

Alors que Le Figaro évoquait samedi trois autres décès, l’ANSM a précisé qu’en l’occurrence, «la prise (du traitement, ndlr) ne semble pas incriminée» pour ces derniers cas.
 

Conséquences tragiques identiques

Dans les cas avérés, c’est une thrombose qui est à l’origine des décès ; il s’agit de la formation d’un caillot sanguin qui peut entraîner une embolie pulmonaire ou un accident vasculaire cérébral (AVC) en cas de thrombose cérébrale.

Des risques «connus et inscrits dans la notice d’utilisation», se défend le laboratoire allemand qui commercialise ce médicament. 

Il est aujourd’hui vendu dans 116 pays comme un anti-acnéique, certains comme l’Irlande l’autorisant également comme contraceptif.

En France, on estime que 315 000 femmes ont été traitées en 2012 par ce produit ou un générique sans qu’il soit possible de savoir combien l’utilisaient contre l’acné ou comme contraceptif.

L’ANSM annoncera cette semaine «ses conclusions sur l’analyse bénéfice/risque» de ce médicament «et de ses génériques» et prendra ensuite «les mesures appropriées».
 

Des centaines de plaintes

Les conséquences tragiques relevées sont les mêmes que celle révélées courant décembre pour des dizaines de femmes prenant des pilules contraceptives de troisième et quatrième générations, dites pilules microdosées (voir encadré).

En attendant, le front judiciaire contre ces traitements s’est déjà ouvert. Quatorze plaintes (une contre l’anti-acnéique et treize contre des pilules de troisième et quatrième générations) ont été déposées la semaine dernière au tribunal de Bobigny.

«D’ici au mois de février, je déposerai une centaine de plaintes», explique au Parisien Me Jean-Christophe Coubris, qui dit avoir recueilli les «dossiers médicaux de jeunes fem­mes (la plupart âgées de 16 à 25 ans, ndlr) qui ont été victimes d’embolies pulmonaires, d’accidents vasculaires cérébraux ou de thromboses».

La Haute autorité de santé (HAS) a récemment affirmé que ces contraceptifs qui sont apparus dans les années 1990 et 2000 augmentent les risques cardiovasculaires, surtout dans les six premiers mois de traitement.

La HAS évalue à 4 sur 10 000 le nombre d’AVC par an chez les jeunes femmes qui prennent des pilules de troisième génération.

En décembre, une enquête préliminaire visant le laboratoire fabriquant le médicament et l’ANSM avait été ouverte après la plainte d’une femme victime d’un AVC attribué à une pilule.

Depuis, la ministre de la Santé, Marisol Touraine, a souhaité limiter la prescription de ces pilules qui sont aujourd’hui une cinquantaine sur le marché et représentent la moitié des pilules délivrées (2,5 millions de femmes).

Elles ne seront plus remboursées à partir de fin mars, mais leur interdiction n’est néanmoins pas à l’ordre du jour. 

Et aussi sur Direct Matin.fr :

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