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Seize ans requis contre le "pousseur" schizophrène du RER

Dans le RER à Paris [Thomas Samson / AFP/Archives] Dans le RER à Paris [Thomas Samson / AFP/Archives]

Seize ans de réclusion criminelle ont été requis jeudi à l'encontre d'un schizophrène qui, en avril 2010, avait tué un homme en le poussant contre une rame de RER, un acte commis selon son avocat alors qu'il était en plein "délire paranoïaque".

Ahmed Konkobo, 31 ans, est coupable de "faits odieux par leur brutalité, leur sauvagerie, leur gratuité", a estimé l'avocat général, Olivier Bray, au troisième et dernier jour du procès.

Comme en attestent les enregistrements de vidéosurveillance et ses propres déclarations, l'accusé avait donné un coup de pied dans le dos d'un voyageur qui attendait sur le quai de la ligne A du RER, à la station Gare de Lyon à Paris, le 2 avril 2010 peu avant 6h00 du matin.

Projeté contre la rame d'un RER qui entrait en gare, Subramaniam Rasalingam, un agent de nettoyage de 51 ans qui partait travailler, était décédé sur place.

L'avocat général a demandé à la cour d'assises de Paris une peine de seize ans de réclusion à l'encontre de M. Konkobo. Il a également demandé qu'il soit soumis à sa sortie de prison à un suivi socio-judiciaire de 15 ans.

Si M. Konkobo ne respectait pas les termes de ce suivi, qui comprendrait logiquement une obligation de soins, M. Bray a demandé à la cour de prévoir sept années d'incarcération supplémentaires.

Dans ses réquisitions, l'avocat général a dit prendre en compte le fait que les psychiatres avaient conclu à l'"altération du discernement" de l'accusé au moment des faits, ce qui diminue sa responsabilité pénale.

"Epée de Damoclès"

Suivi pour troubles psychiatriques depuis 2005, Ahmed Konkobo a été diagnostiqué comme souffrant de schizophrénie.

L'avocat de l'accusé, Me Pierre Lumbroso, a pour sa part cherché à démontrer que son client n'avait "pas l'intention de donner la mort". Si la cour reconnaissait cela, il encourrait "15 ans" de réclusion au lieu de 30 pour homicide volontaire, a-t-il souligné.

Il a rappelé qu'environ trois mois avant le drame, en janvier 2010, M. Konkobo avait arrêté son traitement, une injection mensuelle qui lui était administrée au dispensaire de Fontenay-sous-Bois (Val-de-Marne), où il logeait chez sa mère.

C'est dans "un vrai délire paranoïaque" qu'il a commis cet "acte complètement irrationnel", alors que "quand il est sous traitement, il n'a aucune tendance à la violence", a assuré l'avocat.

Pour éviter une récidive, Me Lumbroso a suggéré que son client soit astreint à sa sortie de prison à un suivi socio-judiciaire de 20 ans, le maximum possible. S'il arrêtait de prendre son traitement pendant cette période, 10 ans de prison supplémentaires "ne me dérangeraient pas", a-t-il dit.

Il faut en effet mettre "l'épée de Damoclès la plus épaisse possible au-dessus de sa tête", a estimé l'avocat.

L'avocat général a au contraire estimé que cet homicide était bien "volontaire". "Quand vous poussez quelqu'un qui est à 1,50 mètre d'un monstre de ferraille qui arrive à 70 kilomètres/heure, il y a des chances que la personne décède!".

La cour s'est retirée pour délibérer en milieu d'après-midi. Son verdict est attendu dans la soirée.

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