En direct
A suivre

Polémique sur l'efficacité de la kiné respiratoire

Séance de kiné respiratoire sur un nourrisson souffrant de bronchiolite. [MYCHELE DANIAU / AFP]

La revue médicale Prescrire affirme dans son numéro de décembre que la kinésithérapie respiratoire n'est pas efficace pour combattre la bronchiolite. Mercredi l'ordre des kinésithérapeutes a répondu en soulignant "l'action bénéfique" de cette pratique sur les symptômes de la maladie.

Chaque hiver près de 30% des enfants de moins de deux ans souffrent de bronchiolite, une infection respiratoire due à des virus très fréquents et très contagieux. La bronchiolite peut provoquer de graves complications chez les enfants les plus fragiles, notamment les nourrissons de moins de trois mois ou les bébés prématurés. En France, la kinésithérapie respiratoire privilégie les techniques expiratoires passives et lentes, associées à la toux provoquée. Lors de ces séances, pendant lesquelles le praticien exerce notamment des pressions sur le thorax et l'abdomen du nourrisson, sont souvent très impressionnantes pour les parents.

Dans sa nouvelle publication, la revue médicale Prescrire remet en cause l'efficacité de la kiné respiratoire, méthode très largement prescrite en France pour désencombrer les bronches des bébés, pointant une "balance bénéfices-risques défavorable".

La revue se base sur une synthèse de neuf études réalisées sur 891 nourrissons hospitalisés pour des bronchiolites. Et selon Prescrire, les résultats de ces études montrent qu'aucune différence n'a été constatée en terme d'évolution clinique, d'oxygénation du sang, de fréquence respiratoire, de durée de la maladie ou de l'hospitalisation, quelle que soit la technique de kinésithérapie utilisée.

Les études pointent également les effets indésirables de la "kiné" respiratoire : vomissements, douleurs et fractures des côtes (une fracture pour 1.000 nourrissons traités, selon une étude conduite dans des hôpitaux parisiens).

"En 2012, on dispose de données solides montrant que chez les nourrissons atteints de bronchiolite, la kinésithérapie respiratoire n'est pas efficace et a une balance bénéfices-risques défavorable, y compris avec la technique habituellement utilisée en France. Mieux vaut épargner cette épreuve", conclut la revue médicale.

 

Les kinés louent "l'action bénéfique sur les symptômes"

Deux jours après la publication de Prescrire, l'ordre des masseurs-kinésithérapeutes a vivement défendu la pratique de la kiné respiratoire. "Il est évident que la kinésithérapie respiratoire ne prétend pas être un traitement contre le virus de la bronchiolite, mais une action bénéfique sur les symptômes provoqués par celle-ci en améliorant la résistance du nourrisson".

L'ordre dénonce également "la partialité" de la synthèse des neuf études, soulignant qu'elles ont été réalisées uniquement "sur des nourrissons hospitalisés et déjà en détresse respiratoire et particulièrement fragilisés, et non représentatifs de l'ensemble des nourrissons en charge à l'hôpital ou en ville". Les kinésithérapeutes estiment également que la publication de cet article en cette période est "regrettable".

En outre, dans un document publié en 2000, la Haute autorité de santé (HAS) recommandait d'évaluer la prescription de kiné respiratoire en fonction de l'encombrement bronchique de l'enfant. Elle préconisait, en revanche,  la poursuite des études de validation de cette méthode afin d'obtenir une "base scientifique solide".

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités