En direct
A suivre

Trente ans requis pour le meurtre de son ex-compagne

La balance de la justice [Jacques Demarthon / AFP/Archives] La balance de la justice [Jacques Demarthon / AFP/Archives]

Moins d'un mois après avoir été condamné pour viol dans l'affaire des tournantes de Fontenay-sous-Bois, Mahamadou Doucouré connaîtra mardi soir le verdict des assises de Créteil qui le jugent pour le meurtre de son ex-compagne en 2010.

Trente années de réclusion criminelle assorties d'une période de sûreté de 20 ans ont été requises contre cet homme de 30 ans que l'avocate générale Myriam Quemener souhaite voir "condamner sévèrement" pour un "crime absolument horrible". Elle a jugé "impossible de se prononcer sur la possibilité de sa réadaptation (...)".

La cour d'assises du Val-de-Marne s'est retirée pour délibérer vers 17h00 après avoir entendu des paroles d'excuses de l'accusé, les premières exprimées de façon aussi claire depuis le début du procès, vendredi.

"Désolé pour le mal que je vous ai fait, d'avoir chamboulé votre vie. Je suis sincèrement désolé, je vous demande pardon", a déclaré cet homme de grande taille, crâne rasé, à la famille de son ancienne compagne.

Cette dernière est morte à 25 ans, le 16 février 2010, lorsque Mahamadou Doucouré s'est présenté au petit matin à son domicile de Fontenay-sous-Bois où il l'a tuée de 22 coups de couteau.

Il avait ensuite pris la fuite avec leur petit garçon de 18 mois mais avait été interpellé le soir-même après une procédure nationale d'alerte-enlèvement. Il est à cet égard également jugé pour enlèvement d'enfant.

La représentante du ministère public a insisté sur "la détermination et l'organisation" avec lesquelles le meurtre a été commis. La jeune femme "a été condamnée à mort avec une exécution immédiate" par un homme dont "le mobile se situe dans la jalousie, dans le besoin d'emprise sur l'autre".

Sur le téléphone de la victime, l'accusé avait laissé près de 250 messages de menaces y compris de mort. La famille de la jeune femme avait accusé police et justice d'avoir ignoré ces menaces de mort.

"Un sale type jaloux"

"Je ne dis pas que Doucouré est un homme idéal, qu'il est un mari idéal. C'est un sale type qui est jaloux, qui multiplie les conquêtes, qui plaît aux femmes", a concédé son avocate Me Clarisse Serre.

Mais elle a vigoureusement contesté les rapports d'expertise psychiatrique et psychologique qui l'ont qualifié d'"impulsif" et "imperméable à toute remise en cause".

Le jour du drame, "il ne vient pas pour tuer Tanja. Il vient pour avoir une discussion avec elle", a soutenu Me Serre demandant son acquittement pour le chef "d'enlèvement d'enfant".

Mahamadou Doucouré encourt la réclusion criminelle à perpétuité. Cette comparution devant les assises du Val-de-Marne est la seconde en moins d'un mois pour M. Doucouré, condamné à un an de prison ferme pour viol en octobre dans l'affaire des tournantes de Fontenay-sous-Bois.

L'accusé a passé la majeure partie de ce procès à "relativiser" les faits et à ergoter sur le nombre de coups portés, a déploré dans sa plaidoirie Me Marie-France Fontana, l'une des avocates de la famille de la victime.

"Tous ici, on aurait souhaité que le petit Ibrahima ne vive pas cette horreur, nous aurions tant aimé qu'il ne voit pas tout cela. Il est malheureusement le seul qui a tout entendu, tout souffert", a relevé Me Mathieu Hénon, qui défend les intérêts de l'enfant.

Aujourd'hui âgé d'un peu plus de quatre ans, Ibrahima est élevé par le père de la victime. Appelé à la barre dans la matinée, ce grand-père, malgré la douleur, a témoigné de sa complicité avec le petit garçon.

Le meurtre de la jeune femme avait suscité en 2010 une vive émotion, poussant le gouvernement à accélérer la mise en place d'un arsenal législatif contre les maris violents.

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités