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Tournantes : un procès se tiendra en appel

Nina, une jeune femme victime de viols collectifs, le 19 septembre 2012 devant la cour d'assises du Val-de-Marne [Jacques Demarthon / AFP/Archives] Nina, une jeune femme victime de viols collectifs, le 19 septembre 2012 devant la cour d'assises du Val-de-Marne [Jacques Demarthon / AFP/Archives]

Un nouveau procès des "tournantes" de Fontenay-sous-Bois (Val-de-Marne) va se tenir en appel, a décidé vendredi le ministère public après les acquittements et condamnations légères prononcées après trois semaines de débats sous tension, plus de dix ans après les faits.

Le ministère public a décidé de faire appel des condamnations et de certains acquittements prononcés à l'issue du procès des viols collectifs dénoncés six ans après les faits par les deux plaignantes, a indiqué vendredi à l'AFP la procureure de Créteil Nathalie Becache.

"Le verdict est trop éloigné du réquisitoire de l'avocate générale, à la fois sur les peines prononcées et sur certains acquittements. Il ne correspond pas au déroulement des crimes et à leur appréciation", a-t-elle déclaré.

L'appel décidé conjointement par le parquet général et celui de Créteil concerne les quatre personnes condamnées à des peines allant de trois ans avec sursis à un an ferme, ainsi que les acquittements prononcés par la cour, pour lesquels l'avocate générale avait demandé des condamnations.

"C'est un message à l'égard des deux jeunes femmes, qui doivent être restaurées dans leur place de victimes d'atteintes particulièrement graves à leur intégrité physique et psychique", a poursuivi la procureure.

Aucune indication ne permettait de savoir dans l'immédiat quand et où se tiendra le procès en appel.

Après trois semaines de débats à huis clos mais sous haute tension, la cour d'assises du Val-de-Marne avait reconnu des viols commis entre 1999 et 2001 dans les cités de Fontenay-sous-Bois, sur une seule des plaignantes, Nina, 29 ans. Les quatre hommes poursuivis pour les mêmes faits sur Aurélie, 28 ans, avaient été acquittés.

Au total, dix personnes avaient été acquittées et quatre condamnées à des peines de trois ans avec sursis à un an ferme.

"Malaise"

Ce verdict, rendu dans la nuit de mercredi à jeudi par les jurés de la cour d'assises, a suscité le vif mécontentement des avocats de la défense et des parties civiles, qui ont parfois vertement critiqué le travail de l'accusation, évoquant tour à tour une décision "sans cohérences", un "fiasco", voire "un naufrage judiciaire".

Jeudi, la ministre des Droits des Femmes Najat Vallaud-Belkacem et la ministre de la Santé Marisol Touraine avaient, elles, exprimé leur "émotion" et leur "malaise" après cette décision, qui a également provoqué l'ire des associations féministes. Pour le mouvement Osez le féminisme, le verdict équivalait ainsi à "un permis de violer".

"Un travail complexe a été mené, a rappelé la procureure de Créteil. C'est un procès compliqué dû notamment à la fragilité des victimes et à l'ancienneté des faits" révélés à la police, près de six ans après.

Vendredi, la polémique semblait toutefois se recentrer entre parties civiles et avocats des 14 accusés qui concentraient leurs critiques sur "l'emballement médiatique" assimilant le verdict à une "banalisation des viols".

Selon eux, "la justice sort grandie de cette affaire. Les plaignantes doivent porter plainte, et le rôle de la justice est de recueillir (leurs) paroles. Mais on ne peut pas condamner des gens sur la parole de quelqu'un. On ne peut pas condamner, en France, sans preuves".

A l'inverse, une des deux victimes, Nina, ne décolérait pas contre le verdict de la cour d'assises: "le gouvernement, la justice, tout ça, ça m'écoeure", a-t-elle déclaré, sur Europe 1.

"Franchement, si je dois me faire justice moi-même, je le ferai, franchement je ne m'en cache pas", a ajouté la jeune femme.

Contacté vendredi par l'AFP, après la décision du ministère public, son avocate Me Clotilde Lepetit n'a pas souhaité faire de commentaires.

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