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Le spectre du chômage hante Fessenheim

Des ouvriers devant la centrale de Fessenheim, dans l'est de la France [Patrick Hertzog / AFP/Archives] Des ouvriers devant la centrale de Fessenheim, dans l'est de la France [Patrick Hertzog / AFP/Archives]

Les habitants de Fessenheim étaient incrédules vendredi face aux assurances du gouvernement que la fermeture de leur centrale fin 2016 ne détruirait pas d'emploi, tandis que les associations antinucléaires trouvent l'échéance encore trop tardive.

"Je suis étonnée et profondément déçue", soupire Fabienne Stich, la maire (SE) de ce bourg de 2.300 habitants, où la moitié de la population vit directement ou indirectement de la centrale nucléaire. "Je n'y croyais pas", dit Mme Stich, ajoutant que beaucoup au village espéraient que le président Hollande n'irait pas au bout de sa promesse de campagne.

Dans ce village aisé, qui vit au rythme de sa centrale depuis 35 ans, l'avenir des quelque 900 emplois directs ou indirects est au coeur des préoccupations. Suspendue entre la mairie et l'église, la banderole proclamant "Fessenheim 2012: candidate à la poursuite de la centrale nucléaire" est toujours en bonne place.

Même si le chef de l'Etat a promis vendredi que "tous les emplois" seraient réservés, beaucoup se montraient incrédules. "Ca m'étonnerait. On ne peut pas employer autant de monde pour démanteler la centrale que pour la faire fonctionner", croit savoir Gilberte, la patronne du bar-restaurant "Au bon frère".

A 2 km du village, au bord du Rhin, "le désarroi règne sur le site" nucléaire, qui emploie 800 agents EDF et 250 prestataires, résume Carole Perrin, responsable CFDT.

Pour Jean-Luc Cardoso, délégué syndical CGT, l'arrêt de Fessenheim menacerait en tout environ 5.000 emplois dans la région. L'idée d'en faire un site exemplaire de démantèlement "n'est pas réaliste et ne représenterait qu'une centaine d'emplois", selon lui.

"Si la centrale ferme, ça sera le néant ici", s'alarme Carole Fritz, employée d'une pépinière d'entreprise installée en 2010 dans des locaux flambant neuf. Le lieu, subventionné par les collectivités locales, est en partie né de l'idée qu'"il faut développer d'autres activités". Mais avec une vingtaine d'emplois actuellement, "c'est une goutte d'eau" par rapport à la filière nucléaire, souligne-t-il.

Les écologistes pas satisfaits

Pour le président (UMP) du Conseil régional, Philippe Richert, c'est tout simplement "l'Alsace qu'on sacrifie" sur l'autel des accords PS-Verts.

Mais l'annonce d'une fermeture fin 2016 est également loin de satisfaire les écologistes, qui critiquent une date trop tardive et redoutent que le chef de l'Etat puisse revenir sur sa décision.

André Hatz, de l'association Stop Fessenheim, s'étonne ainsi que la centrale soit autorisée à fonctionner encore quatre ans alors que son exploitant doit investir plus de 130 millions d'euros d'ici juin prochain pour la mettre aux normes. "On ne va pas pas faire de l'acharnement thérapeutique, cela ne sert plus à rien", affirme-t-il.

Jean-Marc Rettig, membre du Comité pour la sauvegarde de Fessenheim et de la plaine du Rhin (CSFR), souhaite pour sa part une "fermeture le plus tôt possible, dès 2012 plutôt que fin 2016", car un accident "peut arriver chaque jour". La centrale, rappelle-t-il, est située en zone sismique et en contrebas du fleuve.

Pour Jean-Marie Brom (Sortir du nucléaire), la date de fin 2016 est "la plus incongrue". François Hollande "met déjà le sort de Fessenheim dans la future campagne électorale: son successeur (ou lui-même) aura toute latitude pour revenir en arrière".

Outre-Rhin, les mêmes soupçons électoraux pèsent sur le président français. Il "a choisi le dernier moment possible pour honorer une promesse électorale avant la prochaine élection présidentielle", dit Franz Untersteller, le ministre écologiste de l'Environnement du Bade-Wurtemberg, Etat régional frontalier de Fessenheim, et gouverné par les Verts.

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