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Un survivant d'Oradour condamné

Vue prise le 30 mars 2007 de l'église dévastée du village martyr d'Oradour-sur-Glane [Pierre Andrieu / AFP/Archives] Vue prise le 30 mars 2007 de l'église dévastée du village martyr d'Oradour-sur-Glane [Pierre Andrieu / AFP/Archives]

Robert Hébras, un des rares survivants du massacre d'Oradour-sur-Glane en 1944, a été condamné vendredi à un euro symbolique de dommages et intérêts et à 10.000 euros de frais de justice pour avoir, dans un livre, émis des doutes sur le caractère forcé de l'enrôlement d'Alsaciens dans les Waffen SS.

M. Hébras, 87 ans, "a outrepassé les limites de la liberté d'expression en mettant en doute le caractère forcé et non volontaire de l'incorporation de force de jeunes Alsaciens dans les unités allemandes de Waffen SS", a estimé la cour d'appel de Colmar, donnant ainsi raison aux associations de "Malgré-Nous" qui avaient saisi la justice.

Oradour-sur-Glane, village du Limousin, avait été le théâtre le 10 juin 1944 d'un massacre perpétré par la division Das Reich, qui fit 642 morts, dont 247 enfants. Parmi les SS figuraient des Alsaciens et Mosellans enrôlés de force par l'occupant allemand.

Dans son livre "Oradour-sur-Glane, le drame heure par heure", publié pour la première fois en 1992, M. Hébras écrivait que, "parmi les hommes de main, il y avait quelques Alsaciens enrôlés soi-disant de force dans les unités SS". Il avait toutefois nuancé ce propos dans les éditions suivantes publiées à partir de 2004, mais en 2008-2009, un nouveau tirage avait repris la première version, d'où la plainte.

L'arrêt de la cour contredit la décision de première instance: en octobre 2010, le tribunal de grande instance de Strasbourg avait débouté les Associations des évadés et incorporés de force (Adeif) du Bas-Rhin et du Haut-Rhin qui demandaient le retrait du livre des librairies, en soulignant que l'ouvrage "ne se présente nullement comme une oeuvre historique objective, mais comme un témoignage".

La cour a estimé au contraire que M. Hébras ne pouvait pas se prévaloir de la qualité de témoin, car à l'époque du massacre "il n'avait pas distingué les Allemands nazis des Alsaciens portant tous le même uniforme" et qu'il était "encore moins témoin de l'incorporation de force des Alsaciens dans les unités allemandes".

L'incorporation de force, estime la Cour d'appel, est une "vérité historiquement et judiciairement établie".

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