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Jacques Servier : la chute d’un empire pharmaceutique

Jacques Servier Jacques Servier au premier jour du procès du Mediator, le 14 mai 2012.[MARTIN BUREAU / AFP]

Jacques Servier, le fondateur du groupe pharmaceutique éponyme faisait façe lundi à des victimes du Mediator.

Il se déplace avec difficulté. Sa voix est chevrotante quand il décline son nom à la barre. Jacques Servier est un homme diminué et fatigué de 90 ans que les parties civiles ont découvert lundi 14 mai, au premier jour du procès du Médiator au tribunal correctionnel de Nanterre. Les bras croisés dans son costume trois pièces sombres, le roi de l’empire pharmaceutique Servier n’a plus son assurance d’autrefois. Il est assis dans le box des accusés, jugé, avec quatre autres membres du groupe Servier pour « tromperie aggravée » dans l’affaire dite du Médiator.

Success story 

Le grand public a découvert cet homme au moment du scandale du Médiator il y a un an et demi. Son groupe est l’un des plus puissants acteurs du monde pharmaceutique de France depuis près de 50 ans. Ses laboratoires éponymes occupent la 2e place sur le marché français derrière le mastodonte Sanofi, avec un chiffre d’affaires de 3,9 milliards d'euros en 2011 et 22.000 salariés dans le monde. L’histoire de cette réussite a débuté en 1954, à Orléans. Jacques Servier, fils d’industriel, docteur en médecine et en pharmacie, rachète alors un petit laboratoire qui fabrique un sirop contre la toux. Il lance très vite ses deux premières molécules dès 1955. Puis, en 1960, il ouvre le premier centre de recherches du groupe. Au fil des ans, L’Auvergnat parvient à batir un véritable un empire pharmaceutique où règne une politique sociale et salariale.

L’inventeur du Médiator, droit dans ses bottes

Mais plusieurs affaires judiciaires viennent ternir la réputation de Servier. Pointée du doigt d’abord, la gestion du personnel du groupe. La Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL) l’épingle pour une affaire de fichage des candidats à l’embauche, classé sans suite judiciaire. Plus grave, deux de ses médicaments sont ensuite mis en cause. L’Isoméride et le Pondéral sont retirés du marché des 1997,  en raison de lourds effets secondaires. Vient ensuite le scandale du Médiator qui n’a pas fini de secouer l’entreprise. 

Le médicament pour les diabétiques en surpoids, utilisé comme coupe-faim et vendu avec succès pendant 33 ans par le groupe (il lui rapportera 1 milliard d’euros) a été retiré de la vente en novembre 2009. Jacques Servier est mis en examen en septembre 2011 pour « tromperie aggravée et escroquerie » dans l’affaire du Médiator. Le Parquet de Paris lui reproche d'avoir maquillé un anorexigène en médicament pour bénéficier du remboursement des organismes sociaux. Le Médiator aurait causé la mort d’au moins 500 patients. Droit dans ses bottes, lors de ses vœux 2011 au personnel du groupe, Jacques Servier lançait : « le Mediator, ce n'est que trois morts ; 500 est un beau chiffre marketing ».

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