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Il y a 30 ans, la DGSE était créée

Il y a trente ans, un décret du 2 avril 1982 créait la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE), trente années marquées par la calamiteuse affaire du Rainbow Warrior en 1985 mais aussi par l'apport décisif du service à la décision de Jacques Chirac de ne pas intervenir en Irak en 2003[AFP/Archives]

Il y a trente ans, un décret du 2 avril 1982 créait la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE), trente années marquées par la calamiteuse affaire du Rainbow Warrior en 1985 mais aussi par l'apport décisif du service à la décision de Jacques Chirac de ne pas intervenir en Irak en 2003.

Pour marquer ce trentième anniversaire, une cérémonie se déroulera lundi "dans l'intimité" au siège historique de la , boulevard Mortier à Paris (XXe), en présence du directeur général Erard Corbin de Mangoux et de six ex-directeurs généraux.

Le décret de six articles succincts est signé du Premier ministre socialiste Pierre Mauroy. L'article 2 fixe comme mission à la DGSE "de rechercher et d'exploiter au profit du gouvernement les renseignements intéressant la sécurité de la France ainsi que de détecter et d'enrayer, hors du territoire national, les activités d'espionnage dirigées contre les intérêts français afin d'en prévenir les conséquences".

L'article 5 abroge le décret créant en janvier 1946 le Service de documentation extérieure et de contre-espionnage (Sdece).

Le changement de nom des services français d'espionnage marque le souci du président François Mitterrand de rompre symboliquement avec le passé sulfureux du Sdece (guerre d'Algérie, affaire Ben Barka...) et de "civiliser" les services d'espionnage français, très militarisés (plus de 70 % des effectifs).

Le Programme commun des socialistes et des communistes prévoyait en 1972 la dissolution du Sdece, une mesure radicale qui ne fut pas mise en oeuvre.

Nommé en juin 1981 à la tête du Sdece par M. Mitterrand, Pierre Marion, ex-PDG d'Aéroports de Paris, succède à Alexandre de Marenches, patron durant 11 ans de "La Piscine" (surnom grand public, les agents préférant dire "La Boîte").

Pierre Marion entame la restructuration et la démilitarisation de la toute nouvelle DGSE avant de céder la place en novembre 1982 à l'amiral Pierre Lacoste. Celui-ci sera limogé trois ans plus tard après le sabotage du Rainbow Warrior, navire de Greenpeace qui tentait de s'opposer aux essais nucléaires français dans le Pacifique.

Le bateau est coulé par des agents de la DGSE dans le port d'Auckland (Nouvelle-Zélande) dans la nuit du 9 au 10 juillet 1985, provoquant la mort d'un photographe présent sur le bateau. Deux agents - le faux couple Turenge - sont arrêtés sur place, jugés et condamnés. La France est mise au ban des pays de la zone Pacifique. En France, le scandale aboutit à la démission de Charles Hernu, ministre de la Défense et tutelle de la DSGE, et au limogeage de l'amiral Lacoste.

"C'est le seul raté en trente ans de la DGSE, un service qui compte 5.000 personnes, un bilan très positif", juge Eric Denécé, directeur du Centre français de recherche sur le renseignement (CF2R).

Fin 2002, les Américains tentent d'entraîner la France dans une opération militaire pour renverser le régime de Saddam Hussein, qu'ils accusent de posséder des armes de destruction massive (ADM) en montrant des photos d'une usine censée en fabriquer.

Mais la DGSE présente au président Jacques Chirac ses propres conclusions qui permettent d'assurer qu'il n'y a pas de trace d'ADM. C'était le renseignement nécessaire à la décision du chef de l'Etat.

Le 21 janvier 2003, dans un discours à l'ONU, le ministre des Affaires étrangères Dominique de Villepin assure que la France ira "jusqu'au bout" dans son opposition à la guerre. Un refus qu'il réitère le 14 février 2003 toujours à l'ONU, dans un discours devenu célèbre. Le 20 mars, les premiers bombardements américains visent Bagdad.

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