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Procès de l’attentat de Strasbourg : la DGSI admet un «échec» dans le suivi de Cherif Chekatt

L’attentat du marché de Noël de Strasbourg a provoqué la mort de 5 personnes. [Sébastien BOZON / AFP]

Au troisième jour du procès de l’attentat du marché de Noël de Strasbourg, le 11 décembre 2018, qui a débuté le 29 février dernier devant la cour d’assises spéciale de Paris, un commissaire de la DGSI a reconnu un «échec» dans le suivi du terroriste Cherif Chekatt.

Ce lundi 4 mars, un commissaire de la Direction générale de la Sécurité intérieure (DGSI) a été entendu par les juges de la cour d’assises spéciale de Paris dans le cadre du procès de l’attentat du marché de Noël de Strasbourg du 11 décembre 2018, qui a fait 5 morts et 11 blessés.

Témoignant en visioconférence et étant caché derrière un paravent, cet agent devait répondre à un feu roulant de questions sur le déroulement des événements le jour du drame, admettant par la même occasion «un échec» dans le suivi du terroriste Cherif Chekatt.

Selon lui, environ 12 heures avant le drame, soit aux alentours de 6h du matin, le 11 décembre 2018, des gendarmes, accompagnés d’observateurs de la DGSI se sont présentés au domicile du terroriste, fiché S pour radicalisation islamiste à l’époque. Une perquisition qui s’inscrit dans le cadre d’une procédure de droit commun.

À leur arrivée, ils ont constaté l’absence du terroriste. Ils se sont alors rendus chez son père avant de lui demander de prévenir son fils. Aux alentours de 7h20, les gendarmes sont retournés au domicile du multirécidiviste. Lors de la perquisition, ils ont découvert une grenade défensive, un revolver et des cartouches, ainsi que des écrits appelant au jihad, comme l’indique l’AFP.

Dans la journée, un mandat d’arrêt a alors été émis afin de retrouver Cherif Chekatt. D’après cet agent, la DGSI n’a été saisie de l’enquête judiciaire qu’une fois l’attentat commis, soit dans la soirée du 11 décembre 2018.

«Pour nous, tous les passages à l'acte et celui-là, c'est un échec», a admis l'enquêteur, dont les propos ont été rapportés par l’AFP. «Je ne peux que dire que oui, on nourrit des regrets tous les jours qu'on n'ait pas pu empêcher cet acte», a-t-il poursuivi.

Un passage à l'acte «précipité» par plusieurs facteurs ?

Comment explique-t-on alors cette erreur de choix ? Toujours selon l’enquêteur, il s’agit de «la réalité opérationnelle qui rend extrêmement difficile» le fait de devoir «juger les choix» faits. Pourtant, les gendarmes avaient, à l’époque, aussitôt mis en œuvre des moyens pour retrouver le terroriste.

Or, ils ont omis de perquisitionner chez sa mère. C’est chez elle que Cherif Chekatt avait passé la nuit. «Oui, il aurait fallu contrôler l'ensemble des domiciles sur lesquels il aurait pu se trouver», a regretté l’agent.

Bien que le terroriste soit fiché S pour radicalisation islamiste et que les éléments retrouvés à son domicile soient inquiétants, rien ne laissait prédire à une «mise en œuvre imminente» de son projet d’attentat.

Pour l’enquêteur, plusieurs facteurs ont «précipité» son passage à l'acte : prévenu par son père qui lui dit de se sauver plutôt que de se rendre, Chérif Chekatt «est aux abois». «Il n'a plus de point de chute, il sait que ses domiciles sont sous attention policière» et «il n'a plus d'armes».

Dans ce contexte, «il détruit tous ses moyens de communication», ce qui rend sa «localisation impossible», a fait valoir l’agent de la DGSI.

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