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Double infanticide dans l'Essonne : que sont les violences vicariantes, au coeur de l'enquête contre le père ?

En 2017, l'Espagne a intégré la notion de violence vicariante au Pacte d'Etat contre la violence de genre. [LOIC VENANCE / AFP]

L'homme qui a mortellement poignardé ses deux enfants en bas âge jeudi dernier dans l'Essonne a été placé en détention provisoire ce dimanche 14 avril. Cette affaire remet en lumière la notion de violences vicariantes.

S'en prendre à ses propres enfants pour faire souffrir l'autre parent. Dans la soirée du jeudi 11 avril, un père de famille de 33 ans a commis un double infanticide, en tuant par arme blanche ses deux enfants, soit une fillette âgée de 3 ans et un garçonnet de 19 mois. Les deux petits corps ont été retrouvés dans un champ à Forges-les-Bains (Essonne). L'homme a été mis en examen et placé en détention provisoire.

C'est le père qui a lui-même indiqué aux autorités avoir tué les deux victimes : «Un homme a tenté de se tuer en voiture vers 23h30 jeudi. Les deux corps ont été retrouvés «dans un champ, à l'endroit où le père avait indiqué les avoir laissés», a détaillé le ministère public.

Placé en garde à vue, le jeune trentenaire a déclaré avoir tué ses deux enfants par vengeance vis-à-vis de leur mère. Lors de sa première audition, le père de famille a détaillé les raisons de son geste. «Il apparaissait que les relations au sein du couple étaient conflictuelles dans un contexte de séparation», a indiqué le tribunal judiciaire d'Evry.

La mère des deux enfants avait porté plainte quelques heures avant le drame, pour des violences conjugales commises entre décembre 2023 et début février 2024. Ce type de drame est souvent qualifié de violences vicariantes, un terme tout juste émergeant en France.

Les enfants victimes collatérales de violence conjugale

Le mot «vicariant» renvoie à l'idée de substitution. Les violences vicariantes décrivent une violence par procuration. Cette notion est parfois utilisée au sens large, pour évoquer la souffrance ressentie par l'enfant en tant que témoin de violences conjugales au sein de sa famille.

Mais elle est surtout employée dans le cas plus précis des abus commis sur les enfants par un parent violent, dans le but d'atteindre le/la conjoint(e) ou ex-conjoint(e) à travers eux.

Ce type de procédé intervient souvent dans le cadre d'un couple sujet à des violences conjugales, lorsque le conjoint maltraitant n’arrive plus à maintenir une emprise sur le conjoint maltraité, ou que ce dernier s'apprête à quitter son couple violent.

Pour l’heure, le terme de violence vicariante n'est pas utilisé de la même façon en France, mais les statistiques du ministère de l'Intérieur français prennent bien en compte la violence de genre par procuration, sous l'appellation «infanticides dans le cadre d'un conflit de couple sans qu'aucun membre du couple ne soit victime».

Le terme démocratisé en Espagne

C’est en Espagne que le terme est plus popularisé, grâce à la psychologue Sonia Vaccaro. C’est en 2012 que la praticienne d’origine argentine qui exerce en Espagne depuis 2002, a inventé le terme «violencia vicaria». 

Depuis, ces violences sont non seulement identifiées mais bien reconnues en Espagne, où le Premier ministre Pedro Sanchez, avait lui-même évoqué le terme de violence vicariante en 2021, après un double infanticide qui avait secoué le pays. Là encore, un père avait tué ses deux fillettes et jeté leurs petits corps en mer, alors que le couple qu’il formait avec leur mère était séparé depuis peu. 

En France, plusieurs cas de violences vicariantes ont déjà été répertoriés dans le pays en plusieurs années. 

En juillet 2020, Sarah, 11 ans, avait été noyée par son père à Avignon. Ce dernier était séparé depuis plusieurs mois de la mère de la petite fille, à cause de ses violences conjugales et de son alcoolisme.

Plus récemment, en novembre 2023, un père habitant à Alfortville (Val-de-Marne) avait administré des somnifères à ses trois enfants de 11, 10 et 5 ans, avant de les tuer à l’arme blanche - et par strangulation pour l’une d’entre elles - car il ne voulait pas en perdre la garde.

Le 29 octobre 2023 à Vémars (Val-d’Oise), un gendarme avait tué ses trois fillettes de 5, 7 et 10 ans dans leur logement, avant de se suicider. Le parquet de Pontoise avait révélé «un contexte familial compliqué», avait indiqué l’AFP.

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