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Féminicides : au Brésil, une femme tuée toutes les 6 heures en 2022

Des milliers de femmes ont défilé mercredi 8 mars au Brésil à l'occasion de la Journée internationale pour les droits des femmes Des milliers de femmes ont défilé mercredi 8 mars au Brésil à l'occasion de la Journée internationale pour les droits des femmes. [ANDRESSA ANHOLETE / Reuters]

Le taux de féminicides a atteint un record au Brésil en 2022, avec 1.400 femmes tuées sous les coups de leurs conjoints, soit une femme toutes les six heures en moyenne, selon une étude.

Triste record au Brésil, où le nombre de féminicides a augmenté de 5% en 2022, pour atteindre 1.400 victimes, le chiffre le plus élevé du pays depuis l’entrée en vigueur de la loi sur le féminicide en 2015. Cela représente, en moyenne, une femme tuée toutes les six heures.

L’étude menée par le média brésilien G1, l’Université de Sao Paulo, l’Observatoire de la violence et du Forum brésilien de la sécurité publique, s’appuie sur les données officielles des 26 Etats du pays ainsi que du district fédéral de Brasilia. Selon le rapport, cette augmentation des féminicides est à contre-courant de la tendance de l’ensemble des meurtres, sans considération du genre, qui tend à baisser. Entre 2021 et 2022, le nombre total d’homicides a baissé de 1%.  

«Si l'on ne tient compte que des décès de femmes, ce qui inclut également les cas classés comme féminicides, le nombre a augmenté de 3 % d'une année sur l'autre - pour atteindre 3.930», a indiqué G1. Les Etats du Mato Grosso du Sud et de Rondônia sont les deux où les taux de féminicides sont les plus élevés. Au total, 14 Etats ont enregistré une augmentation du nombre de féminicides en 2022. 

Des facteurs multiples 

Selon les chercheurs de l’Université de Sao Paulo qui ont participé à cette étude, le fait que le nombre de féminicides augmente alors même que le nombre d’homicides diminue peut s’expliquer par plusieurs facteurs. D’une part, «l’augmentation du nombre de cas peut indiquer que la police s’adapte de plus en plus à la législation et enregistre correctement le crime», souligne l’étude.

Les chercheurs ont également pointé «la réduction significative des investissements dans les politiques de lutte contre la violence domestique et familiale». «Sous le gouvernement Bolsonaro, le budget consacré à ce domaine a été considérablement réduit», ont-ils affirmé.

D’autres facteurs, comme l’augmentation du nombre d’armes en circulation au Brésil, le manque de moyens de protection et de surveillance pour les femmes victimes d’abus, ou encore la montée des «mouvements conservateurs qui prônent le maintien de l’inégalité entre les sexes dans les relations sociales», peuvent également expliquer le phénomène, selon l'étude. 

Lula annonce une série de mesures 

A l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, ce mercredi 8 mars, le président brésilien Lula et Cida Conçalves, sa ministre des Femmes, ont annoncé une série de mesures pour lutter contre les inégalités entre hommes et femmes. Ils ont notamment annoncé l’investissement de 372 millions de réais (environ 68 millions d’euros) dans une quarantaine de centres d’accueil pour femmes, la distribution gratuite de protections hygiéniques, et un grand plan de promotion de l’égalité salariale. 

Le président du gauche a notamment accusé son prédécesseur d’extrême droite, Jair Bolsonaro, d’«encourager de façon voilée la violence envers les femmes», à travers ses nombreuses déclarations misogynes. Il avait notamment lancé à une députée de gauche qu’elle était «trop moche pour être violée». 

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