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Fourmi de feu : pourquoi l'arrivée de cette espèce en Europe pourrait rendre certaines régions «infréquentables».

La Solenopsis invicta est la cinquième espèce invasive en termes de dommages économiques causés dans le monde. [oktavianus mulyadi / Unsplash]

Des fourmis de feu ont été repérées en Sicile, révèle une étude publiée ce lundi 11 septembre dans la revue Current Biology. Il s’agit de l’une des espèces les plus invasives au monde et sa présence en Europe pourrait rendre certaines régions «infréquentables».

Une catastrophe pour l’environnement. Alors qu’elle fait partie des espèces les plus envahissantes au monde, la Solenopsis invicta, aussi appelée fourmi de feu, a été observée pour la première fois en Europe, et plus précisément en Sicile (Italie) ces dernières semaines, révèle cette étude. Il s’agit d’un véritable fléau pour la biodiversité puisqu’elle rend «infréquentables» les milieux où elle se trouve, y compris pour les humains.

88 nids identifiés

Originaire d’Amérique du Sud, la fourmi de feu tire son nom des douloureuses piqûres qu’elle inflige, qui peuvent provoquer des chocs anaphylactiques. Si elle est déjà présente en Australie, en Chine, dans les Caraïbes, au Mexique ou encore aux États-Unis, c’est la première fois qu’une telle espèce est observée en Europe. Au total, 88 nids ont été identifiés en Sicile, répartis sur une surface de 4,7 hectares, révèle l’étude. Les scientifiques «craignaient son arrivée depuis des décennies» et redoutent qu’elle «s’étende à une vitesse alarmante».

Selon les relevés de l’étude, ces fourmis arrivées en Europe proviendraient notamment des États-Unis, de Chine et de Taïwan. Si les chercheurs n’ont pas été en mesure d’affirmer avec certitude par quel moyen elles sont arrivées sur le vieux continent, ils ont néanmoins avancé l’hypothèse du transport maritime, qui semble la plus probable.

Une menace pour la biodiversité

Cette espèce est une «catastrophe à l’échelle de la planète entière», a expliqué le directeur adjoint de l’Institut Écologie et Environnement du CNRS, Philippe Grandcolas, sur TF1. «Elle fait littéralement fuir les vertébrés dans les milieux où elle se trouve, ce qui rend ces milieux quasiment infréquentables, y compris pour les humains. Elles sont réputées pour posséder l’un des venins les plus irritants au monde», a-t-il précisé.

Selon les auteurs de cette étude, seuls 7% du continent conviennent aujourd’hui à cette espèce. Le changement climatique pourrait toutefois favoriser sa propagation. «50% des zones urbaines européennes, dont Paris, Londres, Barcelone, Amsterdam, ou encore Rome sont à risque», avertissent-ils. Le plan des scientifiques pour contenir cette espèce consiste à éradiquer les nids et à surveiller les sites où elle s’est installée, en s’inspirant de ce qu’a fait la Nouvelle-Zélande, qui est à ce jour le seul pays qui est parvenu à s’en débarrasser.

Croissance fulgurante des espèces exotiques invasives

Cette étude paraît quelques jours seulement après la publication d’un rapport de l’IPBES, le «Giec de la biodiversité», alertant sur la croissance fulgurante des espèces exotiques invasives. Ces dernières sont impliquées dans 60% des extinctions de plantes et d’animaux à travers le monde. L’envolée du commerce international, la dégradation des écosystèmes et le changement climatique contribuent grandement à ce phénomène.

La Solenopsis invicta est la cinquième espèce invasive en termes de dommages économiques causés dans le monde d’après une étude de Nature. Entre 1994 et 2004, quatre personnes âgées sont mortes suite à une piqûre de cette fourmi dans des maisons de retraite américaines, indique une étude publiée dans The American Journal of Medicine.

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