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Phil Simha : "Aucune espèce de requins n’est prédatrice de l’homme"

L’espèce qui symbolise le plus les Galapagos est celle du requin-marteau, selon Phil Simha[CC/Barry Peters]

Plongeur et photographe des fonds marins depuis près de vingt ans, Phil Simha compte parmi les auteurs photographes spécialisés les plus publiés en Europe. Direct Matin a rencontré ce fin connaisseur du monde marin, spécialiste des mers tropicales.

 

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Que retenir des richesses sous-marines des îles Galapagos ?

Phil Simha : Les îles Galapagos sont un lieu privilégié (ce site est classé patrimoine en péril par l’Unesco, ndlr). Je pense notamment à l’île Darwin. L’endroit étant protégé, on a la chance d’y rencontrer une quantité impressionnante d’animaux marins dans des zones où l’homme n’est pas considéré comme un prédateur.

L’espèce qui symbolise le plus les Galapagos est celle du requin-marteau. On peut en rencontrer des quantités incroyables. Je me suis souvent retrouvé immergé entre des «murs» de ces requins aux dents énormes, longs de 2 à 3 mètres. On y trouve aussi le requin-baleine, le plus grand poisson du monde (12 à 14 mètres de long). Au pied de l’arche de Darwin se creuse une plate-forme naturelle où on ne croise que des femelles de taille phénoménale qui, enceintes, peuvent porter jusqu’à 400 petits.

 

Mesurant entre 12 et 14 mètres de long, le requin-baleine est le plus gros poisson du monde [CC/Marcel_Ekkel]

 

L’image du requin mangeur d’hommes est-elle un mythe ?

P. S. : Absolument ! Je fréquente énormément les requins et j’en ai fait une de mes spécialités. J’ai été au contact des plus grands, y compris du requin-tigre, considéré comme le plus dangereux. Or, je les ai approchés jusqu’à les toucher sans aucun problème. L’image du grand public est malheureusement celle véhiculée par Les Dents de la mer, mais il n’y a rien de plus faux ! 

 

 

Aucune espèce de requins n’est prédatrice de l’homme. En revanche, il arrive que certaines espèces, dont le requin blanc, qui se nourrit surtout d’otaries, confondent un surfeur visualisé par-dessous et à contre-jour, avec leur proie habituelle. D’où les attaques dont beaucoup parlent, en Australie et en Afrique du Sud notamment. Mais statistiquement, un homme a 600 000 fois plus de risque d’être attaqué par la foudre que par un requin.

 

Quelles sont les plus grandes menaces pour les espèces marines ?

P. S. : Aujourd’hui, le plus gros danger pour les espèces reste la pêche illégale ou à outrance. L’exemple des marchés asiatiques, friands de soupes et de remèdes à base de nageoires de requins, est significatif. Car cet engouement – injustifié – donne lieu à une pêche barbare : les nageoires sont coupées directement sur les requins par les pêcheurs, puis les requins sont rejetés à la mer et meurent par suffocation. Cent millions de requins sont pêchés chaque année dans le monde.

Par ailleurs, le réchauffement climatique agit sur l’écosystème marin, en particulier sur la salinité de l’eau, affectée parla fonte des glaces (eau douce). La plupart des espèces de coraux sont aussi touchées, car ils s’étouffent quand la température de l’eau est trop élevée. Il s’agit du blanchiment du corail, que les spécialistes constatent de plus en plus.

 

Récif de corail aux Galapagos [CC/Derek Keats]

 

Je plonge depuis l’enfance et depuis dix-sept ans professionnellement. En Grèce, il y a trente-cinq ans, la mer regorgeait de corail et de poissons. Aujourd’hui, mis à part les réserves protégées comme celle de Porquerolles, la Méditerranée est devenue un désert aride. Tout a été anéanti. Et encore, trente-cinq ans par rapport à la vie de la Terre, c’est anecdotique ! Les dégâts causés aux coraux sont dus principalement à l’industrie, au déplacement des populations le long des côtes, aux aménagements touristiques faits au détriment de la mer et de ce qui ce trouve sous la surface.

Un monde réel et fragile existe sous la surface de la mer. Il faut apprendre à le protéger car la survie de la Terre passe par celle des océans. Les gens n’en ont pas forcément conscience quand ils partent en vacances sur des plages paradisiaques. En mer Rouge, seulement 15 % du tourisme est sous-marin. Les 85 % restants ne sont pas forcément conscients qu’un mégot met plus de vingt ans à disparaître en mer, qu’il peut tuer un poisson, ou encore qu’une bouteille jetée négligemment sera toujours là dans un siècle.

 

(ARCHIVE)

 

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