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Les cyclistes marseillais saisissent la justice

Alors que commencent les travaux de semi-piétonisation du Vieux-Port, le vélo cherche encore sa place à Marseille, où les adeptes de la petite reine déplorent qu'elle reste "dérisoire" et n'hésitent plus à se tourner vers la justice.[AFP/Archives]

Alors que commencent les travaux de semi-piétonisation du Vieux-Port, le vélo cherche encore sa place à Marseille, où les adeptes de la petite reine déplorent qu'elle reste "dérisoire" et n'hésitent plus à se tourner vers la justice.

A la communauté urbaine, en charge de la voirie, on l'admet volontiers - les 18 communes de la métropole comptent 83 km de pistes cyclables, "ce qui est insuffisant par rapport à d'autres grandes villes" - et on promet un "rattrapage" difficile dans une ville vouée à la voiture.

Depuis le début de la mandature socialiste à la communauté urbaine, en 2008, "4 km en moyenne de voies dédiées au vélo ont été créées par an", précise Pascal Marchand, directeur général adjoint de Marseille Provence Métropole (MPM), évoquant les 2 millions d'euros de crédits alloués au vélo.

"C'est dérisoire", s'insurge Philippe Cahn, vice-président du collectif "Vélo en ville", fort de 1.000 adhérents, qui se bat depuis une dizaine d'années pour que la petite reine ait toute sa place dans la cité phocéenne.

M. Marchand avance plusieurs causes à ce retard souvent évoquées par les politiques: la topographie (pour créer une piste cyclable, la pente doit être inférieure à 3%, or "pour monter à Notre-Dame-de-la-Garde par exemple, elle est de 14%"), ou la taille de la métropole ("240 km², contre 105 km² pour Paris"). Il relève aussi qu'à "Strasbourg, érigé en exemple, il y a seulement 22 jours de vent fort, contre 93 de mistral à Marseille".

Mais ce qui bloque surtout, c'est "la culture des habitants, le comportement des usagers de la voiture", regrette-t-il.

"Les Marseillais ne montent pas tous les jours à la +Bonne Mère+", ironise Philippe Cahn, pour qui "les arguments de MPM ne tiennent pas la route. Ce qui est surtout embêtant en vélo, c'est la pluie, or ce n'est pas le cas ici".

"C'est trop facile de se dédouaner là-dessus. Le grand frein au vélo, c'est avant tout le manque d'infrastructures, qui provoque un sentiment d'insécurité chez le cycliste", affirme-t-il.

Pour y remédier, l'association, qui était jusqu'alors "plutôt dans une stratégie de négociations, a décidé dorénavant de faire du contentieux" devant le peu de résultats, explique son avocat, Me Benoît Candon.

Le cas de cinq voies en réfection, sur lesquelles aucune piste cyclable n'a été prévue, a ainsi été porté devant le tribunal administratif, qui a donné raison, le 23 janvier, au collectif, en invoquant l'article L.228-2 du code de l'environnement.

La justice n'a cependant pas ordonné à MPM de procéder à des travaux mais de prendre "une nouvelle décision dans un délai de trois mois", ce qui a encouragé l'association à déposer un autre recours, concernant le nouveau boulevard circulaire.

Seul point positif à mettre au crédit de MPM selon M. Cahn: l'arrivée depuis 2007 de vélos en libre-service, au nombre de 1.000 actuellement.

Optimiste, Vincent Dayot, directeur de Cyclocity, la filiale de JCDecaux en charge de ces vélos, assure que "l'objectif en 2012 est d'augmenter le nombre d'abonnés (5.200 à l'année aujourd'hui) de 20 à 40%", tout en admettant que Marseille, comparé à Toulouse (10.000 abonnés) par exemple, part de loin.

Même si ce service a incité les Marseillais à ressortir leurs vélos, reconnaît M. Cahn, la Canebière, artère emblématique de la ville, et le Vieux-Port sur laquelle elle débouche, ne sont toujours pas équipés de pistes cyclables.

Un constat partagé par M. Marchand, bien conscient du "retard" marseillais et pour qui l'opération de semi-piétonnisation du Vieux-Port, "si elle est emblématique, ne doit pas pour autant servir de caution".

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